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à faire disparaître ces divers inconvénients, et l’on finit par amener les armes à silex à un haut degré de perfection.

Le premier modèle réglementaire de notre fusil de munition date de 1717 ; il fut conservé, presque sans modification, jusqu’à 1822. À cette époque, une nouvelle arme, le fusil à percussion, remplaça le fusil à silex.

Avant d’aborder l’examen du système percutant, dont l’apparition correspond à une période toute nouvelle et très-importante de l’histoire des armes portatives, nous dirons quelques mots des différents modes qui ont servi, depuis l’invention de l’arquebuse, à opérer le chargement des anciennes armes à feu portatives.

Dans les premières armes à feu, c’est-à-dire les arquebuses et les mousquets, on plaçait dans le canon, d’abord la poudre, puis les balles. On bourrait au moyen d’une baguette de frêne entourée de fil de fer. Cette baguette fut remplacée, au bout d’un certain temps, par une tige de fer. Plus tard, et dans le but d’alléger l’arme, on revint aux baguettes de bois. Mais, en 1741, le prince de Dessau rétablit définitivement les baguettes de fer, qui bourraient plus vite et mieux.

Dans l’origine, la mesure des charges de poudre se faisait au moment même de tirer. À côté des soldats, se trouvaient tout simplement des barils de poudre, dans lesquels chacun allait puiser. Il va sans dire que ce mode par trop élémentaire fut promptement abandonné. On mesura les charges d’avance, et on les renferma dans des étuis de bois ou de métal, suspendus au baudrier du soldat. Chaque homme portait douze charges, dont une de poudre plus fine, pour les amorces.

Cet approvisionnement fut très-suffisant, tant que les armes à feu n’eurent pas reçu une grande extension. Mais l’on dut bientôt songer à l’augmenter, sans pourtant qu’il devînt une cause d’embarras. C’est alors que fut inventée la cartouche. Les Espagnols en firent, dit-on, usage dès 1567 ; mais elle ne fut adoptée en France qu’en 1644. On prit en même temps la giberne, qui avait été inventée par Gustave-Adolphe, et que les Suédois employaient depuis 1630. À partir de cette époque, jusqu’au xixe siècle, bien peu de changements furent introduits dans cette partie de la pratique du tir.


CHAPITRE II

découverte des fulminates. — leur application aux amorces des armes portatives. — le fusil à percussion. — les capsules et leur fabrication. — adoption du fusil à percussion dans les armées européennes.

Jusqu’ici les progrès des armes portatives ont été dus surtout aux arts mécaniques. Nous allons voir la chimie entrer dans la même voie et, par la découverte des poudres fulminantes, ouvrir des horizons plus vastes à la science de la guerre.

Les premières recherches chimiques relatives aux composés détonants, remontent à l’année 1699 : elles sont dues à Pierre Boulduc. Peu de temps après, de 1712 à 1714, Nicolas Lemery fit sur le même sujet, des recherches que l’on trouve consignées dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences.

Une longue période s’écoule ensuite avant les travaux de Bayen, pharmacien en chef des armées sous Louis XV, qui fit connaître, en 1774, le fulminate de mercure et ses propriétés explosives. On n’eut pas l’idée, à cette époque, d’employer ce fulminate, d’une manière quelconque, dans les armes à feu. Ce n’est qu’après les recherches de Fourcroy et de Vauquelin sur le même sujet, et surtout après celles de Berthollet entreprises en 1788, pour remplacer le salpêtre de la poudre à canon par le chlorate de potasse, que l’attention des chimistes se tourna de ce côté.

Nous avons raconté, dans la Notice sur les