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Une fabrique de capsules fulminantes située à Ivry, près de Paris, fut entièrement détruite par l’explosion de quelques kilogrammes de fulminate de mercure.

Hennell, chimiste anglais d’un certain renom, périt victime d’un accident de ce genre. Un industriel anglais, nommé Dymon, avait traité avec la Compagnie des Indes, pour la fabrication d’une quantité considérable d’obus contenant du fulminate de mercure. Comme il ne pouvait préparer lui-même, dans le délai convenu, tout le fulminate qu’il devait livrer, il s’était adressé à Hennell, pour le charger de préparer le reste du composé fulminant. Pour travailler à cette œuvre périlleuse, Hennell s’était établi seul, dans un petit bâtiment séparé de la fabrique. Le 5 juin 1842, le fulminate était obtenu, séché, et il ne restait plus qu’à le mêler à une autre substance que M. Dymon prépare lui-même, et qui paraît constituer le secret de ses obus, lorsqu’un accident, qu’on ne peut expliquer, puisque le seul témoin a disparu, provoqua l’explosion de toutes ces matières. Le bâtiment fut détruit ; les tuiles, les briques, les charpentes, furent lancées au loin, et l’on ne retrouva que des débris mutilés du corps de l’infortuné chimiste.


CHAPITRE III

armes portatives à balle forcée. — travaux de m. delvigne. — la carabine delvigne. — la carabine à la poncharra. — le fusil à tige. — perfectionnement apporté par m. minié à la carabine à tige. — la balle cylindro-ogivale. — la balle à culot. — les balles explosibles.

L’année 1826 marque une date fondamentale dans l’histoire des progrès des armes portatives. C’est, en effet, en 1826, que M. Gustave Delvigne, alors sous-lieutenant au 2e régiment d’infanterie de la garde royale, fit connaître une idée, qui, après des perfectionnements sans nombre, devait transformer radicalement le système d’armement du monde civilisé. Le fusil rayé entrait dans le domaine de la pratique.

Depuis longtemps déjà, on connaissait les armes portatives rayées. On avait même créé pour ces armes, une désignation spéciale : on les nommait carabines. Imaginées en Allemagne, à la fin du xve siècle, elles n’avaient jamais cessé d’y être en usage depuis cette époque.

Gaspard Zollner, de Vienne, eut, dit-on, le mérite de cette invention. Il songea, le premier, à pratiquer dans l’intérieur des armes à feu des rayures droites, c’est-à-dire parallèles entre elles et à l’axe du canon. Mais, d’après ce que nous avons dit, en donnant, dans la Notice sur l’artillerie, la théorie des armes rayées, les rayures droites étaient sans effet, parce qu’elles ne pouvaient provoquer le mouvement de rotation du projectile de manière à maintenir sa direction toujours dans le sens de l’axe de l’arme, et qu’ainsi elles ne s’opposaient nullement à la déviation de la balle par la résistance de l’air.

On en vint donc bientôt à substituer aux rayures droites des rayures inclinées, en d’autres termes, à tracer dans l’intérieur du canon, un sillon hélicoïdal, qui forçait le projectile à prendre un mouvement de rotation à l’intérieur de l’arme et au dehors, assurait son trajet dans le sens exact de l’axe du canon, et le plaçait, par conséquent, dans les conditions les plus favorables pour échapper à la déviation par la résistance de l’air. D’après l’opinion la plus généralement admise, l’invention des rayures inclinées doit être attribuée à Auguste Kotter, de Nuremberg, qui l’aurait imaginée dans la première moitié du xvie siècle.

Tandis que l’Allemagne, la Pologne, la Russie, la Suède, armaient des régiments entiers de carabines, la France ne se montrait nullement empressée de suivre cet exemple. Si la carabine de ce temps avait l’avantage d’une certaine précision de tir, elle présentait, d’un autre côté, des inconvénients