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L’ARTILLERIE
ANCIENNE ET MODERNE

CHAPITRE PREMIER

les premières bouches à feu. — l’artillerie au XIVe siècle, en france, en angleterre, en allemagne et en italie. — les veuglaires et les bombardes. — forme de bombardes et de leurs affuts au XIVe siècle. — les projectiles.

Le mot artillerie est d’origine fort ancienne. Le vieux mot français artiller, dont la racine grammaticale est difficile à retrouver, signifiait l’homme d’armes préposé à l’emploi et à la garde des instruments divers qui servent à l’attaque ou à la défense des places ; de même que le mot archer signifiait le soldat armé de l’arc ou de l’arbalète. Bien avant l’invention des bouches à feu, le mot artillerie servait à désigner les engins variés de l’ancienne balistique, et le matériel de guerre tout entier, c’est-à-dire les armes et les charrois[1]. Après la découverte de la poudre, et ses emplois dans les armes de guerre, le mot artillerie servit à désigner les divers tubes de fer que l’on fabriqua pour lancer des projectiles au moyen de la poudre. Plus tard, les bouches à feu s’étant multipliées, les anciennes machines de siège disparurent, et par une transition naturelle, le matériel de guerre ne comprit plus que les armes à feu. Le mot artillerie servit alors exclusivement à désigner ces armes nouvelles, et de nos jours encore, il ne s’applique qu’aux armes à feu de gros calibre.

Les premières armes à feu furent appelées canon ou quennon ; d’où vint le mot canonnier ou quenonnier, pour désigner les gens qui les tiraient.

Certains étymologistes font dériver le mot canon du mot latin canna, qui signifie tube, ou roseau. Si l’on considère pourtant la faible longueur des premières bouches à feu, il semblera peu probable que les hommes de guerre

  1. À l’appui de cette opinion, nous nous bornerons à citer le passage du Règlement pour la défense de la ville de Montauban, trouvé dans les archives de Montauban, et traduit par M. Devais aîné.

    « S’ensuit la manière dont doit être composée l’artillerie :

    1o Premièrement les espingoles, les arbalètes de corne, les arbalètes de deux pieds et d’un pied, et beaucoup de traits, de tours et de hausse-pieds pour tendre les arbalètes ;

    2o Plus, grande foison de carreaux de chaque arbalète, et de plumes d’airain pour les empenner ;

    3o Plus, des lances, des dards…, des épées, des couteaux, des dagues de Gênes et des plastrons de reste ;

    4o Plus, des bricoles avec les engins et les cordes nécessaires ;

    5o Plus, grande foison de pierres, de canons et du plomb ;

    6o Plus, grande foison de chanvre, des angles, de chaux vive, de brides de cheval, d’aiguilles petites et grosses, de cire, d’alênes, et beaucoup de dés pour distraire les compagnons ;

    7o Plus, grande foison de frondes ;

    8o Plus, des tamis, des cribles et des blutoirs pour passer la farine ;

    9o Plus, beaucoup de pierres, de bricoles et des maîtres qui sachent gouverner tout cela. »