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teindre. Pour vider ces questions, des expériences comparatives furent ordonnées, en 1849-1850, dans les quatre écoles de tir de Vincennes, Toulouse, Grenoble et Saint-Omer[1].

Les résultats obtenus furent favorables à la balle à culot. Sous le rapport de la justesse, elle était un peu supérieure à l’ancienne balle cylindro-ogivale et elle l’égalait sous le rapport de la pénétration.

Quatre régiments d’infanterie furent alors munis de cette carabine, et chargés de l’expérimenter pendant le cours des années 1851 et 1852.

Les tireurs lui trouvèrent des défauts qui avaient échappé aux écoles. On crut donc devoir faire, en 1853 à Vincennes, à Metz et à Besançon, de nouveaux essais, pendant lesquels on perfectionna la forme de la balle et celle du culot. On parvint aussi à éviter en partie les déchirements qui se produisaient dans les projectiles, par suite de l’action trop vive des gaz ou d’un défaut de fabrication, et dont la conséquence la plus grave était de mettre l’arme momentanément hors de service, à cause des débris de métal qui restaient souvent dans le canon[2].

Après une comparaison approfondie, l’avantage resta enfin aux armes sans tige tirant la balle à culot, sur les armes à tige tirant la balle oblongue. Toutefois l’adoption de la balle à culot resta à l’état de projet : on lui reprochait encore son poids considérable (49 grammes) et les difficultés de sa fabrication. D’ailleurs, à cette époque, M. Minié présenta une balle plus simple, qui vint détourner l’attention de la première.

La nouvelle balle était sans culot. Elle portait un simple évidement, et ne pesait que 36 grammes ; la charge de poudre était de 4gr, 5. Elle donna immédiatement d’assez bons résultats pour qu’on l’adaptât au fusil modèle 1854 de la Garde impériale ; d’où lui vint le nom de balle évidée de la Garde. La figure 359 montre cette balle en coupe verticale.

Fig. 359. — Balle évidée de la Garde.

En 1856, M. Minié proposa une seconde balle à culot, dont le poids n’était plus que de 39 grammes. Presque en même temps, M. Nessler, capitaine des chasseurs à pied, en offrit une sans culot, du poids de 38 grammes, et caractérisée par un petit appendice faisant saillie dans l’évidement, mais attenant à la balle elle-même ; d’où le nom de balle à téton qui lui fut donné.

Fig. 360 et 361. — Balle modèle 1857 et coupe verticale de cette balle.

Ces deux projectiles furent rejetés ; mais une commission, à laquelle fut adjoint M. Nessler, reçut mission d’établir une balle sans culot, et d’un faible poids, quoique d’une grande portée et d’une grande justesse.

Des recherches auxquelles se livra cette commission, et auxquelles M. Nessler prit une part active, sortit enfin la balle modèle 1857, qui fut adoptée pour toute notre infanterie. Cette balle, que représentent les figures 360 et 361, est à évidement pyramidal à base triangulaire, avec section des arêtes. Elle ne pesait que 32 grammes, et jusqu’à 600 mètres, elle présentait une justesse de tir suffisante, quoique inférieure à celle de la carabine à tige, dont la balle pesait 49 grammes.

  1. Gaugler de Gempen, Essai d’une description de l’armement rayé dans l’infanterie européenne, in-8, Paris, 1858, p. 73.
  2. Voir au sujet de ces expériences, l’ouvrage de M, Cavelier de Cuverville, Cours de tir, in-8, 1864, p. 426.