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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/514

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à boudin, BB, tend à pousser toutes ces cartouches en avant. Mais un bloc CDE, mobile autour du point C, empêche les cartouches de sortir du magasin. Lorsqu’on abaisse le pontet, ou levier courbe, I, le bloc CDE s’abaisse aussi, et avec lui l’obturateur E, duquel la partie C est séparée par un ressort à boudin, D. Une cartouche H passe donc au-dessus de l’obturateur ; mais il n’en peut passer plus d’une, parce que la pièce K descend pour la maintenir et arrêter les suivantes, au moyen du ressort G. Lorsqu’on relève le pontet ou levier courbe I, la pièce K cesse d’agir dans ce sens, mais alors le bloc, ramené à sa première position, oppose un obstacle invincible à la cartouche la plus avancée contenue dans le magasin (fig. 379). Dès ce moment, l’arme est chargée. Il suffit, pour tirer, de relever le chien, qu’on a laissé abattu par mesure de précaution, et de presser la détente L. Le chien F frappe la pièce K, laquelle, à son tour, vient frapper l’amorce de la cartouche, H, et enflammer la poudre.

Système Winchester. — Dans ce système, comme dans le précédent, l’emmagasinage des cartouches se fait au moyen d’un tube qu’on glisse dans la monture.

Le mécanisme est tel qu’on peut, à volonté, tirer tous les coups sans interruption, ou bien un seul à la fois, en chargeant à la manière ordinaire, et réservant les coups emmagasinés pour un moment décisif. Le fusil Winchester est donc l’arme à double fin, dont nous parlions plus haut. Il peut tirer 22 coups par minute, et 15 coups successivement sans être rechargé. Lorsqu’on le charge cartouche par cartouche, il est inférieur au fusil prussien et au fusil Chassepot, car il ne tire que 8 à 10 coups par minute. Toutefois, cette vitesse est encore très-remarquable, et, si l’on ne s’en contente pas, on est bien difficile.

C’est sur le fusil Winchester, d’un maniement simple et d’un entretien facile, que la Suisse a jeté les yeux, en 1867, pour la transformation de son armement. La commission d’examen a fait preuve, en cette circonstance, d’un esprit judicieux. Considérant que le fusil Winchester est surtout avantageux pour la défense, et qu’une guerre défensive est la seule que puisse avoir à soutenir le peuple suisse ; considérant qu’un pareil choix augmentera notablement la force des nombreux points stratégiques que possède la Suisse, elle a pensé que le fusil Winchester devait être préféré au fusil à aiguille adopté dans les autres États de l’Europe.

Après les fusils à répétition, viennent naturellement les révolvers, qui ne sont que des pistolets à répétition.

Toutefois, les révolvers sont fondés sur un autre principe que les fusils à répétition, l’arme étant beaucoup plus courte. Ils sont basés sur le principe de la révolution autour d’un axe commun, d’un certain nombre de tubes, portant chacun une cartouche. Ces tubes viennent se placer successivement devant l’âme, en formant son tonnerre.

La création du révolver ne date que de notre siècle. On pourrait cependant établir que l’idée sur laquelle il repose, est fort ancienne. C’est ce que prouvent plusieurs armes conservées dans les musées d’artillerie et les collections d’amateurs. Le pistolet n’ayant été connu qu’assez tard, c’est même aux mousquets, aux arquebuses, et ensuite au fusil, qu’on a songé d’abord à en appliquer le principe. Le Musée d’artillerie de Paris possède des armes tournantes à mèche et à rouet, et M. Anquetil, dans l’intéressante notice qu’il a publiée sur ces armes[1], parle de deux fusils à cinq coups, appartenant à des amateurs de Bruxelles, dont l’un remonte à 1600, et l’autre à 1632.

Il est facile de comprendre pourquoi l’esprit d’invention des armuriers et des hommes spéciaux ne s’est dirigé que fort tard

  1. Notice sur les pistolets roulants et tournants, dits révolvers, in-8. Paris, 1855.