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verte de drap, et pourvue, à ses quatre angles, de petites vis de pression, destinées à maintenir la plaque bien fixe pendant le nettoyage et le polissage. Cette planchette est assujettie sur une table, au moyen d’une vis de pression en bois ou en fer.

Le nettoyage, ou décapage, de la plaque, se fait avec du coton cardé imbibé d’alcool et saupoudré de tripoli en poudre très-fine. On commence par jeter du tripoli sur la plaque ; puis on imbibe d’alcool un tampon de coton cardé, et l’on frotte, en traçant des cercles sur toute la surface de la plaque. On la frotte ensuite avec du coton sec, et sans employer de tripoli.

On reconnaît que cette première préparation de la plaque est bonne, lorsque la vapeur de l’haleine qu’on y projette, y produit une couche d’un beau blanc mat, qui disparaît d’une manière régulière, sans laisser de taches. S’il en est autrement, on recommence le décapage avec du coton sec et un peu de tripoli, jusqu’à ce que la vapeur de l’haleine ne laisse aucune tache en s’évaporant.

La surface métallique étant ainsi bien décapée, bien nettoyée, on procède au polissage, qui se fait avec le polissoir, composé d’une peau de daim tendue sur une planche munie d’une poignée (fig. 15).

Fig. 15. — Polissoir.

On se sert de deux polissoirs : avec le premier, on polit la plaque rapidement ; avec le second, on termine l’opération. Le premier polissoir est imprégné de rouge d’Angleterre, le second n’en contient que des traces provenant d’un usage prolongé. Prenant le polissoir au rouge, on frotte vivement la plaque, jusqu’à ce qu’elle prenne l’aspect d’une glace bien nette : on frotte dans le sens de la longueur de la plaque. On prend ensuite le polissoir sans rouge. On reconnaît que la plaque est suffisamment polie, lorsque la vapeur de l’haleine, en s’évaporant, n’y laisse aucune tache.

Une plaque qui a déjà servi à recevoir une image, doit être polie avec plus de soin et demande plus de temps qu’une plaque neuve.

Ainsi polie, la plaque est prête à recevoir la couche sensible.

Préparation de la couche sensible. — Pour revêtir la plaque de la couche d’iodure d’argent, sur laquelle doit s’imprimer l’image de la chambre obscure, il faut la placer dans la boîte à iode. Dans l’origine, ces boîtes ne renfermaient que de l’iode. Elles se composaient d’une cuvette de porcelaine, contenant des cristaux d’iode, et recouverte d’une lame de verre dépolie. En tirant ce couvercle de verre, la plaque recevait l’action de la vapeur d’iode. Depuis la découverte des agents accélérateurs, c’est-à-dire depuis l’emploi du bromure ou du chlorobromure de chaux, on se sert de boîtes dites jumelles, réunissant la cuvette à iode et la cuvette à chaux bromée.

La boîte jumelle à iode (fig. 16), se compose donc d’une boîte de sapin, renfermant deux cuvettes en porcelaine, dont l’une contient de l’iode à l’état solide, et l’autre de la chaux bromée. La plaque est posée sur un cadre de bois A, qui peut glisser dans une rainure, pour être soumise d’abord à l’action de l’iode, ensuite à celle du brome. Dans la première cuvette sont des cristaux d’iode, recouverts d’une feuille de papier buvard ; dans l’autre est le bromure de chaux. La plaque polie étant déposée sur le cadre de bois A, d’abord au-dessus de la cuvette d’iode, on tire au dehors la lame de verre B, et les vapeurs d’iode se dégagent ainsi librement sur la plaque, à l’intérieur de la boîte, dont on a préalablement abaissé le couvercle D.