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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/562

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tier, sur un plan différent, destiné également à être exécuté par M. Reed, deux autres frégates, le Lord Warden et le Lord Clyde. Celles-ci sont armées d’un éperon solidement établi, comme celui de notre Solferino ; mais l’absence de batterie haute les rend inférieures au type français dont elles ont à peu près les dimensions. Avec une longueur de 85m,44 elles déplacent 7 793 tonneaux ; leur machine est de 1 000 chevaux nominaux. Complétement cuirassées, elles sont armées de 20 bouches à feu.

Cette longue série de tâtonnements et d’hésitations, dont les traces sont manifestes dans la variété des types que nous venons de faire connaître, eut son terme final dans le Bellerophon et l’Hercules, construits sur les plans de M. Reed.

Ces deux vaisseaux de guerre sont en fer ; ils sont à éperon, pourvus d’une tourelle centrale blindée, avec ceinture également cuirassée à la flottaison. Ils n’ont qu’une batterie couverte, mais elle s’élève au-dessus de l’eau presque autant qu’une deuxième batterie ordinaire. Les dimensions du Bellerophon et de l’Hercules sont les suivantes :

  Bellerophon. Hercules.
Longueur 
91m, 43 99m,06
Largeur 
17m,08 17m,98
Tirant d’eau au milieu 
7m,24 7m,46
Déplacement 
7 164 tonn. 8 663 tonn.
Force nominale de la machine 
1 000 chev. 1 200 chev.
Nombre de bouches à feu 
14 14
Épaisseur de la cuirasse au point le plus fort 
0m,153 0m,228

Il ne sera pas sans intérêt de faire remarquer que les dimensions principales de ces navires, de beaucoup inférieures à celles du Minotaur, se rapprochent singulièrement de celles du type français Solferino. Ce qui veut dire qu’après bien des essais imposés par les vues les plus diverses, nos voisins en sont revenus aux proportions qui, dès l’origine de l’invention des cuirasses, avaient été adoptées en France par M. Dupuy de Lôme.

L’armement du Bellerophon se compose de 10 canons de 300 livres, pesant chacun 13 tonneaux, et de 4 canons Armstrong, du calibre de 110 livres. Celui de l’Hercules comprend 10 pièces du calibre de 600 livres. Pour compenser le peu de résistance qu’une simple coque de fer opposerait au choc d’un autre navire cuirassé, on a pris le parti de faire un double bord en tôle, dont les surfaces sont distantes de 0m,70 environ ; de plus on a revêtu la coque, à la hauteur de la flottaison, d’un épais massif de bois.

L’Hercules, mis en chantier à l’arsenal de Chatham, sera le plus formidable bâtiment que les Anglais aient construit jusqu’à ce jour. Ses murailles sont couvertes par des plaques de 0m,15, 0m,20 et 0m,23. Le long de sa batterie centrale, le cuirassement est disposé en huit virures, étagées les unes au-dessus des autres. Celle de la flottaison a 0m,23 d’épaisseur, la suivante a 0m,20 ; puis viennent cinq virures de 0m,15, et enfin au-dessus une autre virure de 0m,20. Dans le fort central où sera placé le principal armement de l’Hercules, les cloisons transversales blindées sont achevées, et les ponts en fer sont établis. Les sabords à embrasure pour les huit canons que l’Hercules portera sur les côtés dans sa première batterie sont terminés, et on vient d’y essayer les modèles en bois des bouches à feu qui les armeront.

Dans le plan de l’Hercules, on s’est proposé principalement de produire le navire à batterie le plus puissant qu’il y ait encore à flot, afin de pouvoir établir une comparaison définitive entre le système de la construction de navires à batteries et celui des navires à tourelles. L’Hercules appartient sous tous les rapports au type des navires à batteries ; mais celui qui en inférerait qu’il est identique aux navires à batteries des anciens modèles connus, se formerait une idée très-erronée de ce navire, que distinguent beaucoup de particularités qui lui sont propres. Il n’aura de chaque côté dans sa première batterie que quatre canons, mais ceux-ci auront des di-