Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/599

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

1o Le drainage abaisse le niveau des eaux stagnantes à une profondeur suffisante pour qu’elles ne puissent plus nuire au développement des racines des récoltes.

2o Il facilite le passage, à travers la couche arable et active, des eaux pluviales et des éléments de fertilité que ces eaux peuvent apporter sur le sol qui les reçoit.

3o Il facilite à l’air le moyen de pénétrer dans le sol jusqu’à la portée des racines, et jusqu’au contact des engrais dont il active la décomposition au profit des récoltes.

4o Il contribue à l’ameublissement des terres fortes.

5o Il augmente la chaleur du sol, en diminuant l’évaporation superficielle de l’eau, et, par suite, en atténuant le refroidissement que cette évaporation produit toujours.

6o Il augmente la fertilité du sol, par suite d’une introduction plus facile, d’un transport plus régulier, d’une transformation plus avantageuse des gaz et des substances propres à contribuer au développement des plantes cultivées.

À quels caractères peut-on reconnaître qu’une terre a besoin d’être drainée ? — On distingue aisément, grâce à l’aspect du sol et à la nature de la végétation qui le recouvre, si un champ a besoin d’être drainé.

« Partout où, quelques heures après une pluie, dit M. Barral, on aperçoit de l’eau qui séjourne dans les sillons ; partout où la terre est forte, grasse, où elle s’attache aux souliers, où le pied, soit des hommes, soit des chevaux, laisse après son passage des cavités dans lesquelles l’eau demeure comme dans de petites citernes ; partout où le bétail ne peut pénétrer après un temps pluvieux sans enfoncer dans une sorte de boue ; partout où le soleil forme sur la terre une croûte dure, légèrement fendillée, resserrant comme dans un étau les racines des plantes, partout où l’on voit les dépressions du terrain notablement plus humides que le reste des pièces, trois ou quatre jours après les pluies ; partout où un bâton enfoncé dans le sol à une profondeur de 0m,40 à 0m,50, forme un trou qui ressemble à une sorte de puits, au fond duquel l’eau stagnante s’aperçoit ; partout où la tradition a consacré comme avantageux l’usage de la culture en billon, on peut affirmer que le drainage produira de bons effets[1]. »

Les plantes qui croissent sur le sol arable, nous offrent d’autre part des indices très-caractéristiques de la nécessité du drainage. Celles qui habitent les terrains humides, y régnent presque complétement, et bannissent toute récolte fructueuse. On ne saurait les faire disparaître ; comme elles s’y trouvent bien, elles y demeurent et multiplient. On ne s’en rend maître que par le drainage, qui les prive de cette humidité permanente, sans laquelle elles ne sauraient vivre. Voici les noms de quelques-unes de ces plantes, que presque tout le monde connaît de vue et de nom : le Jonc commun, le Plantain lancéolé, le Colchique d’automne, la Prêle ou queue de cheval, la Renoncule, la Laîche, l’Orchis latifolia ou Pentecôte à larges feuilles, l’Iris des marais, la Renouée, le Scirpe, le Souchet, la Scrophulaire aquatique, le Narcisse, etc.

Un examen attentif du sous-sol permet, d’ailleurs, de reconnaître exactement sa nature, et de prononcer sur la nécessité du drainage. Cet examen se fait au moyen de tranchées, que l’on pratique dans le sol, et de trous d’essai.

Si l’on veut étudier la constitution du sol, sans cependant multiplier outre mesure les tranchées et les trous d’essai, on se sert d’une petite sonde à main, de la sonde dite de Palissy, que représente la figure 414.

On manœuvre cette sonde à peu près comme une tarière. On l’enfonce de 0m,40 environ ; on la retire, pour examiner la nature du sol, puis on l’enfonce encore de 0m,40, et l’on continue ainsi jusqu’à la profondeur de 1m,80 qu’elle atteint facilement. Avant de commencer chaque sondage, on tasse fortement le sol à la place où l’on doit opérer, pour que la terre se maintienne à l’entrée du trou.

  1. Drainage des terres arables, t. Ier.