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se répandre autant que celles dont nous venons de parler, parce qu’elles ne pourraient pas travailler avec toute espèce de terre. Cette classe de machines comprend trois types principaux, dont nous donnerons successivement des exemples.

La machine d’Ainslie est la première qui ait été importée en France. Elle se compose de deux cylindres en fonte, placés horizontalement l’un au-dessus de l’autre, auxquels on peut imprimer, à l’aide d’un système convenable d’engrenages, un mouvement de rotation en sens contraire.

L’argile déposée sur une toile sans fin légèrement inclinée, est entraînée par le laminoir, et conduite dans une boîte carrée, qui porte la filière. Cette boîte est bientôt remplie. À mesure qu’une nouvelle quantité de terre y arrive, une égale quantité en sort, et se moule en tuyaux en passant par la filière. Comme dans les machines précédemment décrites ces tuyaux glissent sur une toile sans fin, soutenue par des rouleaux en bois très-mobiles ; on les coupe à la longueur voulue et on les porte au séchoir.

Dans le deuxième type de ces machines l’argile est poussée à travers le moule par un malaxeur qui triture en même temps la terre. Un modèle de ce genre nous est offert par la machine de Franklin, qui peut être considérée comme offrant une réalisation assez heureuse des principes dont MM. Murruy et Etheridge avaient tenté l’application. Elle a été introduite d’Angleterre en France, par M. Mergez.

On jette la terre dans la partie supérieure du cylindre, où elle est d’abord broyée par des couteaux. Un piston la force ensuite à descendre, et à passer, sous forme de tuyaux, par la seule issue qui lui soit ouverte, c’est-à-dire par les filières. Glissant sur les rouleaux de la table sans fin, les tuyaux sont coupés à la longueur voulue, par des fils de fer tendus sur des arcs. Le système est mis en mouvement par des chevaux attelés aux extrémités des brancards. Il paraît qu’on peut faire avec cette machine 10 000 à 12 000 tuyaux par jour. Elle coûte de 800 à 1 000 fr.

Le troisième type dans lequel des vis sans fin exercent sur la terre la pression nécessaire pour lui faire prendre la forme désirée est représentée par la machine remarquable, mais compliquée, que MM. Randell et Saunders avaient envoyée à l’Exposition universelle de Londres, en 1851. Nous ne ferons qu’en donner ici un rapide aperçu.

La terre est mise dans une trémie qui surmonte la caisse de la machine. Elle descend dans cette caisse, sur les parois de laquelle deux filets de vis courant l’un à droite et l’autre à gauche, s’adaptent exactement. Charriée en avant par l’action combinée de ces vis, la terre passe enfin au travers du moule, sur une toile sans fin tendue sur des rouleaux, qui tournent sous la pression même de l’argile. Les tuyaux sont coupés spontanément, c’est-à-dire sans l’intervention de la main, par un appareil très-compliqué.

Cette machine convient surtout dans les circonstances qui permettent d’employer la vapeur comme force motrice, et dans une grande fabrique. Quand elle fonctionne avec une force de deux chevaux, elle produit 1 800 tuyaux de 0m,05 de diamètre par heure. Elle coûte près de 1 000 francs en Angleterre. Elle a été importée en Belgique et en France.

Comme toutes ces machines ne sont qu’à l’usage des fabricants, il serait inutile d’en donner les figures détaillées.

Nous terminerons cette rapide excursion dans le domaine des machines à étirer les tuyaux, par la description du plus simple et du plus économique de ces appareils. Il a été inventé par M. Kielmann, directeur de l’École agricole de Kassenfelde, dans la province de Brandebourg (Prusse). Cette machine fut arrêtée longtemps par la douane française, qui demandait des droits exorbitants. C’est M. Barral qui, averti officieusement et après avoir payé tout ce qu’on lui deman-