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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/681

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vallée des Vosges, imprima un élan considérable à l’art nouveau (ou qui paraissait tel) de la pisciculture. MM. Millet, Valenciennes, Berthot et Detzem, Paul Gervais, de Philippi, etc., se firent remarquer par leur empressement à étudier scientifiquement cette méthode.

Mais c’est à M. Coste, professeur d’embryogénie au Collége de France, que revient le mérite d’avoir poussé la pisciculture dans la voie pratique, et d’avoir réalisé, avec une prodigieuse rapidité et une perfection extraordinaire, tout le matériel d’exploitation de la méthode issue des découvertes de la science et de l’observation modernes.

Pendant que la commission nommée par l’Académie des sciences laissait languir, selon les us et coutumes des commissions officielles, l’étude qui lui était soumise, M. Coste entrait en maître dans cette question, et se l’appropriait pour ainsi dire. M. Coste n’est pas assurément l’inventeur de la pisciculture ; mais il s’est montré le défenseur, le champion, le zélé promoteur, de cet art merveilleux. Il l’a répandu, il l’a vulgarisé. Après avoir réussi à attirer sur cette industrie si nouvelle l’appui du Gouvernement, M. Coste fit appel à la curiosité de tous, à la philanthropie des hommes de bien, aux intérêts privés des propriétaires, aux réflexions des économistes. M. Coste a établi la piscine modèle du Collége de France ; il a obtenu la création par l’État du gigantesque établissement de Huningue ; il a jeté des milliards de poissons dans nos fleuves, nos rivières, nos pièces d’eau, nos étangs. « Propager cette découverte féconde, en perfectionner les procédés, en étendre les applications, transformer en règles certaines les pratiques qui ne sont pas encore fixées, y introduire toutes les modifications que l’expérience désigne, distribuer dans toutes les contrées où l’on voudra et faire des essais sérieux des œufs fécondés, » tel est le programme que M. Coste se posa dès le début de ses travaux, en 1849, et qu’il a parfaitement rempli.

Fig. 544. — Coste.

Nous avons dit, dans les premières pages de cette Notice, que, par sa position de professeur d’embryogénie au Collége de France, M. Coste était naturellement désigné pour se mettre à la tête de la grande entreprise de l’application pratique de la pisciculture en France. Mais peut-être sera-t-on curieux d’apprendre comment M. Coste fut amené à s’adonner à l’étude de l’embryogénie, c’est-à-dire à la science qui traite de l’évolution des animaux dans l’œuf dès la fécondation du germe. Nous allons donc entrer dans quelques détails sur les premiers travaux de ce naturaliste, fidèle en cela à notre habitude de faire connaître à nos lecteurs les particularités de l’existence des hommes qui ont attaché leur nom, avec gloire, à l’histoire des découvertes scientifiques dont nous traçons le tableau.

Né aux environs de Montpellier, à Castries, M. Coste était, en 1828, étudiant en méde-