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la piscine du Collége de France, l’alevinage en grand dans un espace restreint, et l’approvisionnement des viviers domestiques, sont devenus des pratiques faciles. Il en est de même de l’acclimatation des poissons dans des eaux où ils n’ont jamais vécu : les expériences de M. Regnault, de l’Académie des sciences, à Sèvres ; de M. le commandant Desmé dans son domaine de Puygeraut près Saumur ; de M. de Montagu, au château d’Osmond ; de M. le duc de Noailles à Maintenon, etc., etc., ont démontré le fait de l’acclimatation des alevins transportés de la piscine du Collége de France, dans les viviers de ces praticiens.

« Ce qui est irrévocablement acquis aujourd’hui, dit M. Coste, c’est que des poissons que l’on avait cru jusqu’alors ne pouvoir vivre et prospérer que dans des eaux vives et courantes se reproduisent, même dans des bassins clos, où l’eau est simplement renouvelée, et y acquièrent, en aussi peu de temps qu’en pleine liberté, et sans perdre de leurs qualités estimées, une taille qui les rend parfaitement comestibles et marchands. »


CHAPITRE XIV

transport des œufs et de l’alevin.

Remy, pour transporter les œufs, les déposait, enveloppés entre deux linges mouillés, dans une boîte plate, percée de trous, en ayant soin de remplir les interstices avec de la mousse ou des plantes aquatiques, comme le représente la figure 582. Cette boîte est d’un très-bon usage. Quand elle est arrivée à sa destination, on ôte doucement la mousse, et, déployant le linge, on fait glisser les œufs dans l’appareil à éclosion.

Fig. 582. — Boîte de Remy pour le transport des œufs.

Pour le transport des œufs libres et à enveloppe résistante, qui doivent n’arriver à destination qu’après un voyage de huit, dix jours et au delà, M. Coste a proposé le moyen suivant. On prend une boîte formée de feuilles minces de bois blanc, et, après l’avoir laissée macérer quelque temps dans l’eau, on y dépose une première couche de sable bien lavé et bien mouillé, sur laquelle on place bon nombre d’œufs, en les espaçant un peu. On couvre ces œufs d’une seconde couche de sable sur laquelle on place une nouvelle couche d’œufs, et on continue ainsi jusqu’à ce que la boîte soit remplie, en opérant de manière à ce que la pression du couvercle sur le contenu ne soit pas trop grande et à ce qu’il n’y ait pas de balancement. C’est ainsi qu’on peut transporter, sans danger, les œufs de la plupart des espèces de la famille des Saumons. Pour le transport des œufs libres à plus courte distance et même pour ceux qui doivent supporter un voyage d’environ six jours, on remplacera avantageusement le sable humide par des végétaux aquatiques mous et élastiques, comme les mousses, par exemple. On fait donc des lits alternatifs d’œufs et de mousse de manière qu’une dernière couche d’œufs soit recouverte par une dernière couche de mousse ; l’humidité de ces plantes suffira à conserver les œufs vivants.

Si, à l’époque du transport, la température était si basse qu’on eût à redouter la gelée, il faudrait enfermer la boîte qui contient les œufs, dans une seconde boîte plus spacieuse. On remplirait l’espace entre les deux boîtes avec des matières capables de s’opposer à l’action trop directe du froid, par exemple, avec du son, de la sciure de bois, de la paille, etc.

Si cependant, malgré ces soins et par une brusque variation atmosphérique, les œufs arrivaient gelés, il faudrait placer la boîte