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L’Anguille est un poisson énigmatique, dont on n’a jamais pu recueillir les œufs ni l’alevin. Par conséquent, on ne peut songer à la soumettre à la fécondation artificielle. Seulement, on recueille l’alevin, à l’époque du printemps, près de l’embouchure des fleuves, que l’Anguille remonte, en quittant la mer, pour arriver dans les eaux douces. C’est cet alevin que l’on fait croître pour le récolter à l’état adulte. On appelle montée cet alevin d’Anguille qu’il est facile de se procurer aussi abondamment qu’on le désire.

Pour transporter la montée d’Anguille, on ne se sert ni de bocaux ni de tonnelets. On la transporte à sec, dans des paniers à mailles serrées, dont on recouvre le fond avec un vieux linge ou avec du papier assez fort, ensuite on remplit ce panier de paille, posée lâchement, imbibée d’eau, à laquelle on associe quelques plantes aquatiques (fig. 586). Des paniers ainsi organisés peuvent recevoir deux, et même trois livres de montée, c’est-à-dire de 4 à 5 000 Anguilles, et arriver aux plus lointaines destinations avec des pertes relativement insignifiantes.

Fig. 586. — Panier organisé pour le transport de la montée d’Anguille.

CHAPITRE XV

l’établissement de pisciculture de huningue.

Pour compléter les renseignements qui précèdent sur les procédés pratiques de la pisciculture, et, en même temps, pour faire connaître une des plus curieuses créations de l’industrie contemporaine, nous allons donner la description de l’établissement de Huningue, qui fut d’abord le théâtre d’une des plus grandes expériences dont les sciences naturelles aient jamais donné l’exemple, et qui est aujourd’hui une institution éminemment généreuse de la part de la France, car le but de cette usine vivante, c’est de fabriquer des œufs de poissons fécondés, et de les distribuer gratuitement à tous ceux qui en font la demande, pour l’ensemencement de leurs cours d’eau, bassins, viviers, etc., comme aussi de les répandre dans les rivières et les fleuves.

L’établissement de pisciculture, dit de Huningue, bien qu’il soit situé à Blotzheim, à 5 kilomètres de Huningue (près de l’écluse no 4 du canal du Rhône au Rhin), s’élève au pied d’un coteau, d’où s’échappe une source d’eau vive et transparente, et qui se divise, au sortir du lac, en plusieurs ruisseaux secondaires. Voici comment on a tiré