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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/748

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peut y vérifier les faits anciennement connus, y faire des découvertes. Et quand la masse des observations recueillies sera suffisante, il se trouvera des esprits élevés qui, comprenant ce que les autres n’ont fait qu’entrevoir, dégageront la vérité de l’erreur, mettront au jour les liens inaperçus des phénomènes qui paraissent isolés, établiront les rapports des effets avec les causes, et feront, en un mot, ressortir de ce qui n’est encore que confusion et obscurité un acteur de lui-même, atteignant par des procédés infaillibles des résultats déterminés avec intelligence. »

C’est à l’étude de ces différentes questions que s’applique M. Baude. Il passe en revue les mœurs et les habitudes des poissons susceptibles de servir à l’alimentation publique ; il les partage en poissons sédentaires et en poissons voyageurs. L’Anguille, l’Alose, le Hareng, le Saumon, etc., sont étudiés au point de vue des conditions qui peuvent assurer la conservation de ces espèces dans nos eaux.

M. Baude insiste sur les modifications à apporter à la police de la pêche, dans la vue de faciliter la conservation et la multiplication du poisson dans nos eaux courantes. La législation et l’administration ont une grande influence sur le développement de la production ichthyologique ; comme le remarque l’auteur, elles peuvent faire naître, dans des circonstances naturelles identiques, l’abondance ou la stérilité. M. Baude propose donc diverses modifications à la police actuelle de la pêche.

Nous ne pouvons suivre l’auteur dans l’exposé des diverses considérations de ce genre, mais nous ne saurions omettre les importantes observations qu’il présente à propos des barrages qu’on a créés en travers de la plupart de nos cours d’eau, et qui constituent un obstacle permanent à la conservation du poisson dans nos eaux courantes.

M. Baude assure qu’en France, la pêche a été principalement ruinée par les travaux hydrauliques établis en travers des cours d’eau. Les barrages créés pour les prises d’eau des moulins, des usines, des canaux de dérivation, sont infranchissables pour beaucoup d’espèces de poissons, et ils le sont souvent pour la Truite et le Saumon, malgré les hauteurs auxquelles ces poissons peuvent s’élancer. Les eaux coupées par des barrages perdent leurs poissons en amont de ces obstacles, parce qu’elles ne sont plus ravitaillées par l’arrivée de nouveaux individus ; elles les perdent en aval, par suite de l’éloignement instinctif du poisson pour les parages où il est privé de la faculté de circuler, mais surtout par l’extinction successive du frai. Supprimer les barrages, priver les usines et l’industrie des forces motrices que leur procurent les chutes d’eau ainsi ménagées, est un moyen auquel on ne saurait songer. Mais M. Baude demande que, pour concilier deux intérêts également respectables, on adapte aux barrages, suivant leur forme et leur hauteur, des couloirs ou des bassins gradués qui facilitent aux poissons le passage entre deux plans d’un niveau différent.

C’est précisément ce qui a été fait en Écosse, depuis un grand nombre d’années, pour remettre les Saumons en possession des cours d’eau qu’ils avaient abandonnés. « De l’exécution de cette mesure, dit M. Baude, datera le repeuplement des eaux désertes. »

Les échelles à Saumons dont parle ici M. Baude, sont encore peu connues. Aussi croyons nous devoir terminer cette Notice en donnant quelques explications sur cette intéressante découverte de l’histoire naturelle appliquée au perfectionnement de l’industrie.

Tout le monde sait que les Saumons, à l’époque du frai, remontent les cours d’eau, pour aller chercher des conditions et des lieux plus favorables à leur reproduction. Mais, en remontant les cours d’eau, ils rencontrent souvent des obstacles, naturels ou artificiels. Les obstacles naturels sont les cascades et les chutes, qu’on trouve fréquemment dans les pays de montagnes. Les obstacles artificiels sont les barrages ou écluses, que nécessitent les besoins de l’industrie, de