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furent enlevés, par ordre de la police. Ryss-Poncelet, sans fortune, ne put reprendre ces essais ; de sorte que ce ne fut qu’en 1816 que l’on vit faire à Paris, ainsi que nous le dirons plus loin, les premiers essais de l’éclairage au gaz de la houille, par l’Anglais Winsor.


CHAPITRE XVIII

william murdoch crée en angleterre l’éclairage par le gaz extrait de la houille. — l’éclairage au gaz dans l’usine de watt à soho et dans la filature de mm. phillips et lée à manchester. — progrès de l’éclairage au gaz extrait de la houille en angleterre. — winsor popularise cette invention. — luttes que soutient, en angleterre, la nouvelle industrie.

Pendant que Philippe Lebon échouait dans ses tentatives, et ne trouvait en France aucun encouragement pour le développement de ses idées, un ingénieur d’un grand mérite, William Murdoch, qui avait eu connaissance des résultats obtenus à Paris, par Philippe Lebon, mettait en pratique les mêmes idées, en substituant au bois, qui est rare et cher en Angleterre, la houille, qui abonde dans ces contrées. Les écrivains anglais prétendent que, dès l’année 1792, Murdoch aurait fait dans le comté de Cornouailles, sa patrie, quelques expériences relatives aux gaz éclairants fournis par différentes matières minérales ou végétales.

On lit ce qui suit dans le Traité pratique de l’éclairage au gaz par Samuel Clegg :

« Le berceau de l’éclairage par le gaz fut Redruth, dans le duché de Cornouailles, et tout le mérite de cette invention, l’application pratique du gaz de houille à l’éclairage artificiel, appartient à M. William Murdoch. On ne sait pas l’époque précise à laquelle ce gentleman commença ses expériences sur la distillation de la tourbe, du bois, de la houille et d’autres substances inflammables. Mais, en 1792, nous le voyons fabriquer du gaz avec un appareil construit par lui-même, et éclairer sa maison et ses bureaux. Non content de cela, il étonne bien davantage encore ses voisins en appliquant le gaz à l’éclairage d’une petite voiture à vapeur, qui lui servait à se rendre aux mines qui se trouvaient à une distance considérable de son habitation et de la direction desquelles il s’occupait tous les jours. Lorsqu’il partit en Écosse, M. Murdoch continua ses expériences, et, en 1797, il éclaira sa propriété à Old-Gunnoch, en Ayrshire, comme il l’avait fait cinq ans auparavant en Cornouailles[1]. »

Bien que l’auteur anglais que nous venons de citer fasse remonter à l’année 1792 les premières tentatives de Murdoch pour l’éclairage au moyen du gaz extrait de la houille, aucun document authentique ne peut être invoqué, concernant les expériences de Murdoch avant l’année 1798.

Ce n’est en effet qu’à la fin de l’année 1798 que Murdoch établit dans la manufacture de James Watt, à Soho, près de Birmingham, un appareil destiné à l’éclairage du bâtiment principal. Ce système ne fut pas même adopté alors dans l’usine de Soho ; les expériences y furent souvent abandonnées et reprises.

Nous avons raconté dans le premier volume de cet ouvrage, que Watt avait fondé avec Boulton, une fabrique de machines à vapeur, à Soho, près de Birmingham. Cette usine, d’où sortirent les premières machines à vapeur, fut donc aussi le théâtre du premier essai de l’éclairage par le gaz de la houille.

D’après un écrivain allemand, M. Schilling, auteur d’un excellent Traité d’éclairage par le gaz, la rencontre et l’abouchement de Murdoch avec James Watt, pour l’essai de l’éclairage par le gaz dans la manufacture de Soho, auraient été accompagnés de quelques circonstances romanesques. Cet écrivain s’exprime en ces termes :

« Watt, qui avait travaillé trente ans auparavant avec Robinson à Glasgow, comme mécanicien de l’université, à résoudre le problème de la locomotion à vapeur, entendit parler des voitures à vapeur de Murdoch ; de son côté, Murdoch eut connaissance de

  1. Traité pratique de la fabrication et de la distribution du gaz d’éclairage et de chauffage, par Samuel Clegg, traduit de l’anglais. Paris, 1860, in-4, page 12.