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Comme le gaz, mal préparé et non purifié, avait toutes sortes d’inconvénients, ce ne fut qu’en 1805 que l’éclairage par le gaz fut adopté définitivement dans la fabrique de James Watt. Peu de temps après, le bel établissement pour la filature du lin de MM. Phillips et Lée, à Manchester, fut éclairé à son tour par ce moyen nouveau.

fig. 63. — Appareil pour la distillation de la houille dans l’usine de Soho.

M, cornue ; R, foyer ; P, tuyau de cheminée ; N, conduit donnant issue au gaz.

Cette usine avait été construite sous la direction de Murdoch, qui était alors attaché à cet établissement. Ce travail suscita beaucoup de difficultés et dura près de deux ans. Plusieurs parties des appareils étaient très-défectueuses. On fut obligé de placer des poches à goudron, sur tout le parcours des tuyaux, pour recueillir le goudron qui s’y condensait. Le gaz n’étant pas épuré, car l’emploi de la chaux était encore inconnu pour cet usage répandait une odeur infecte.

Il ne sera pas sans intérêt de reproduire ici un compte rendu écrit au début de cet entreprise par Murdoch, sur les appareils établis chez MM. Phillips et Lée. Murdoch lut ce travail à la Société royale de Londres le 25 février 1805. C’est le premier document scientifique qui se rapporte à l’éclairage au gaz extrait de la houille.

Compte rendu de l’application pratique du gaz extrait de la houille, par M. William Murdoch.

« Les faits qui sont exposés dans cette note résultent d’observations faites pendant l’hiver dernier à la filature de coton de MM. Phillips et Lée, à Manchester, où l’usage du gaz extrait de la houille, comme éclairage, a lieu sur une très-grande échelle. Les appareils de fabrication et de distribution ont été construits par moi dans les ateliers de MM. Boulton, Watt et Cie, à Soho.

« Tous les ateliers de cette filature, qui est, je crois, la plus considérable du Royaume-Uni, ses bureaux et ses magasins, et la maison d’habitation de M. Lée, qui est contiguë, sont éclairés par le gaz de houille. La quantité de la lumière totale produite pendant les heures d’éclairage, déterminée par la comparaison des ombres, a été trouvée égale à la lumière donnée par 2 000 chandelles moulées, de six à la livre ; chacune des chandelles, prises pour termes de comparaison, brûlait 4/10 d’once (11gr,375) de suif à l’heure.

« La quantité de lumière est nécessairement sujette à quelques variations, à cause de la difficulté de régler toutes les flammes de manière à ce qu’elles restent parfaitement constantes ; mais la précision et l’exactitude admirables avec lesquelles cette filature est conduite, m’ont fourni un excellent moyen de faire les essais comparatifs que j’avais en vue, pour me rendre compte de ce qui devait arriver en grand, et les expériences ayant été faites sur une si grande échelle et dans une période de temps considérable, on peut les regarder, je crois, comme suffisamment précises pour déterminer les avantages qu’on doit attendre de l’emploi de l’éclairage au gaz dans des circonstances favorables.

« Je n’ai pas l’intention, dans cette note, d’entrer dans la description détaillée des appareils employés pour la fabrication du gaz ; mais je dirai seulement que le charbon est distillé dans de larges cornues de fonte, qui sont constamment en travail pendant l’hiver, sauf les intervalles nécessaires pour les changer ; le gaz qui s’en échappe est conduit par des tuyaux de fonte dans de grands réservoirs ou gazomètres, où il est lavé et purifié avant d’être porté par d’autres tuyaux ou conduites jusqu’à la filature.

« Ces conduites se divisent en une infinité de ramifications formant une longueur totale de plusieurs milles dont le diamètre diminue à mesure que la quantité de gaz qui doit y passer devient moins considérable. Les becs, où le gaz est brûlé, sont en com-