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encore de l’acide carbonique, de l’hydrogène sulfuré, du sulfhydrate d’ammoniaque et quelques vestiges de sels ammoniacaux. Après l’épuration physique à laquelle il vient d’être soumis, il faut lui faire subir une épuration chimique, qui le privera de ces divers produits étrangers. Le gaz sortant des colonnes à coke, est donc dirigé, à l’aide d’un tube, vers un nouvel appareil nommé épurateur.

L’épurateur employé autrefois en Angleterre, se composait de cuves à demi remplies d’un lait de chaux. Nous avons représenté dans la partie historique de cette notice, l’épurateur à eau de chaux, dont Samuel Clegg fit usage, dans les premiers temps de l’industrie qui nous occupe. L’eau de chaux absorbait l’hydrogène sulfuré, en produisant du sulfure de calcium ; elle s’emparait, en même temps, de l’acide carbonique, en formant du carbonate de chaux ; enfin les sels ammoniacaux étaient décomposés, et l’ammoniaque libre provenant de cette décomposition, pouvait être ensuite absorbée à son tour, en faisant passer le gaz dans une eau faiblement acidulée. Pour hâter l’absorption de l’acide carbonique, on multipliait les contacts du gaz avec la lessive calcaire, en imprimant de l’agitation au liquide.

Ce moyen d’épuration était très-efficace, mais il avait l’inconvénient d’augmenter la pression dans les cornues ; il était difficile en outre de se débarrasser des liquides provenant de l’opération. L’épuration par l’eau de chaux fut donc abandonnée, et l’on purifia le gaz en le faisant passer dans de vastes caisses de fonte remplies de foin ou de mousse, saupoudrée, couche par couche, de chaux éteinte. L’opération put s’effectuer ainsi sans augmenter la pression dans les appareils.

Dans la plupart des usines, l’épuration se fait aujourd’hui dans de grandes caisses de fonte ou de tôle, divisées en deux ou trois compartiments par deux diaphragmes horizontaux. Dans chaque compartiment on place une claie en fil de fer, sur laquelle on répand en couches de 8 à 10 centimètres de chaux éteinte en poudre, ou bien de toute autre matière capable, comme nous le verrons plus loin, de remplacer la chaux avec avantage. Le gaz arrive par la partie inférieure de la caisse, et sort par la partie supérieure : il est forcé ainsi de se tamiser à travers deux larges couches de chaux. La caisse est fermée par un couvercle, dont les bords plongent dans une gorge remplie d’eau, formant ainsi une fermeture hydraulique, qui donne une occlusion complète.

Fig. 73. — Coupe de l’épurateur.

La figure 73 représente la coupe de l’épurateur, tel qu’il existe dans toutes les fabriques de gaz, G est le tube par lequel le gaz arrive dans l’appareil, en débouchant, comme on le voit, à sa partie inférieure ; H est le haut du tube de sortie du gaz ; M, la sortie. Sur les claies A′, A′, A″, est étalée la chaux vive, qui absorbe l’acide carbonique et l’hydrogène sulfuré. Le mode de fermeture hydraulique est indiqué par la gorge pleine d’eau FF. T est l’orifice de la caisse fermé par une vis ; O, un manomètre.

La figure 74 représente l’épurateur vu à l’extérieur.