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M. Mallet, professeur de chimie à Saint-Quentin, imagina, en 1841, un nouveau procédé d’épuration du gaz. Ce procédé consiste à employer des dissolutions aqueuses de sels de peu de valeur, tels que le sulfate de fer, ou le chlorure de manganèse qui reste comme résidu de la fabrication du chlore. Le gaz vient se laver dans ces liqueurs, qui le dépouillent de l’hydrogène sulfuré, de l’acide carbonique et de l’ammoniaque. Il s’opère entre les sels métalliques d’une part, et d’autre part entre l’hydrogène sulfuré et les sels ammoniacaux, une double décomposition : il se forme un sulfate ou un chlorhydrate d’ammoniaque soluble, et il se précipite du sulfate ou du carbonate de fer ou de manganèse.

L’opération s’exécute d’une manière méthodique. La dissolution saline est placée dans trois vases de fonte ou de tôle, communiquant entre eux au moyen d’un tube. Les dissolutions sont de force inégale : la première et la seconde, provenant d’une opération antérieure, ont déjà servi à épurer le gaz et sont en partie saturées ; la troisième, destinée à compléter le lavage, n’a pas encore servi, et jouit, par conséquent, de toute son action : au bout d’un certain temps, la saturation étant achevée dans le premier laveur, on en retire le liquide, qu’on remplace par celui du second ; dans celui-ci on met la dissolution provenant du troisième laveur, lequel reçoit enfin une nouvelle quantité de chlorure de manganèse ou de sulfate de fer.

Le procédé de M. Mallet a été appliqué à Saint-Quentin et à Roubaix ; il a été l’objet d’un rapport favorable à l’Académie des sciences. La pratique a montré, en effet, que ce moyen de lavage permet de débarrasser entièrement le gaz de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniaque. Par suite de l’absence des produits ammoniacaux dans le gaz purifié, le matériel de l’usine se détériore moins rapidement ; la consommation de la chaux est diminuée ; enfin, le prix des sels ammoniacaux recueillis compense les frais de l’opération.

Cette méthode n’a pourtant jamais été mise en usage à Paris, en raison de la difficulté que présente dans les usines le maniement des liquides, et de l’augmentation de pression que ces dissolutions aqueuses auraient occasionnée dans les appareils.

M. de Cavaillon a fait servir le plâtre humide à l’épuration du gaz de l’éclairage. Le plâtre provenant des plâtras retirés des vieux enduits abattus dans les démolitions, est mis en poudre, réduit en pâte avec de l’eau, et placé sur des claies de fer, dans un épurateur de forme ordinaire. Le sulfate de chaux qui constitue le plâtre, enlève au gaz le carbonate d’ammoniaque, par une double décomposition chimique : il se fait du carbonate de chaux insoluble, et du sulfate d’ammoniaque, qui reste dissous dans l’eau. Le plâtre qui a servi à l’épuration, est mis à part, pour en retirer le sulfate d’ammoniaque, dont le prix est assez élevé. Il suffit de lessiver ces résidus avec de l’eau, qui se charge du sulfate d’ammoniaque. Il ne reste plus qu’à évaporer cette liqueur, pour obtenir le sel cristallisé. 1 000 kilogrammes de houille soumis à la distillation fournissent, selon M. Payen, 6 kilogrammes de sulfate d’ammoniaque.

Cependant le gaz n’est pas dépouillé ainsi de l’hydrogène sulfuré ; il faut donc le débarrasser de ce produit, en le faisant passer dans un second épurateur contenant de la chaux.

Ce procédé d’épuration au moyen du plâtre, fut mis en usage avec succès en 1846 dans l’usine de la Compagnie parisienne.

Un autre moyen d’épuration du gaz, fondé, sur un ensemble très-curieux de réactions chimiques, a été imaginé en Angleterre. Il consiste à faire usage, sous forme sèche, de certains composés chimiques, qui, se régénérant après chaque opération, n’exigent l’introduction, dans l’usine, d’aucune