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savonneuses qui proviennent du désuintage des laines. La ville de Reims a été longtemps éclairée par ce procédé.

Le gaz de la résine s’obtient par des moyens en tout semblables aux précédents. La résine, qui existe en abondance et à très-bas prix, dans les contrées du Nord, étant introduite, à l’état de liquéfaction, dans des cornues qui contiennent des fragments de coke incandescent, fournit un gaz très-pur, et qui jouit d’un pouvoir éclairant double de celui du gaz de houille.

Passons au gaz éclairant obtenu par la décomposition de l’eau.

Les chimistes savent que, quand on dirige un courant de vapeur d’eau sur le charbon porté au rouge, l’eau se décompose ; il se forme de l’acide carbonique, de l’oxyde de carbone, de l’hydrogène pur et de l’hydrogène carboné. Dans ce mélange gazeux, l’hydrogène pur est le corps qui prédomine. Mais le pouvoir éclairant de l’hydrogène est presque nul, et l’on ne pourrait songer à tirer parti, pour l’éclairage, du gaz fourni par la décomposition de l’eau, s’il n’existait des moyens de communiquer artificiellement la propriété éclairante à un gaz naturellement dépourvu de cette propriété. Ces moyens existent, et ils sont assez nombreux. La propriété éclairante d’un gaz ne tient nullement à sa nature particulière, mais bien, comme l’a montré Humphry Davy, à une simple circonstance physique, au dépôt d’un corps solide dans l’intérieur de la flamme. Le gaz hydrogène bicarboné doit sa propriété éclairante à ce fait seul, que sa combustion s’accompagne d’un dépôt de charbon, lequel, restant quelque temps contenu au sein de la flamme, avant d’être brûlé, s’y trouve porté à une température assez élevée pour devenir lumineux. Tous les autres gaz, tels que l’hydrogène phosphoré, qui abandonnent également, pendant leur combustion, une substance solide fixe, jouissent de la propriété éclairante. Il résulte de là qu’il est facile de communiquer le pouvoir éclairant à un gaz qui en est naturellement dépourvu. Si l’on mélange au gaz hydrogène, par exemple, la vapeur de certains liquides très-chargés de charbon, tels que l’essence de térébenthine, l’huile de schiste, de pétrole, ou divers autres carbures d’hydrogène volatils, on peut rendre sa flamme éclairante. L’essence de térébenthine ou le pétrole produisent, en effet, en brûlant, un résidu de charbon, qui, se déposant à l’intérieur de la flamme, devient lumineux, et réalise ainsi les conditions physiques nécessaires pour prêter à un gaz la propriété lumineuse. Tel est le moyen que Jobard avait prescrit, et que Selligue avait mis en pratique dans son usine de Batignolles, pour rendre éclairant le gaz provenant de la décomposition de l’eau. Selligue décomposait l’eau dans une cornue remplie de charbon de bois. Les gaz ainsi obtenus venaient ensuite se mêler avec des vapeurs d’huile de schiste.

Cependant le procédé employé par Selligue pour décomposer l’eau, ne pouvait donner des résultats avantageux au point de vue économique, et l’inventeur lui-même avait fini par y renoncer.

Des dispositions beaucoup plus convenables pour l’extraction du gaz hydrogène de l’eau, ont été imaginées par M. Gillard. Grâce aux procédés ingénieux imaginés par cet habile industriel, la préparation du gaz extrait de l’eau peut se faire dans des conditions pratiques assez avantageuses.

M. Gillard décompose l’eau dans des cornues de fonte, à l’aide du charbon de bois. La vapeur d’eau d’un générateur est dirigée à l’intérieur de la cornue, à l’aide d’un tube qui s’étend le long de toute sa capacité. Ce tube est percé de trous très-petits, qui donnent issue à la vapeur, et la mettent en contact avec le charbon incandescent.

Comme ces orifices, au bout d’un cer-