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cation du gaz ordinaire. Ce sont des cornues très-plates, en terre réfractaire, munies d’une tête en fonte, portant un obturateur en fonte, fixé lui-même par une vis. La distillation se fait très-rapidement. Le résidu extrait des cornues reçoit différents usages dans l’industrie, ou bien est vendu comme coke de qualité supérieure.

Le barillet, dans lequel se condense la plus grande partie des produits de la distillation du bog-head, est placé, suivant le système ordinaire, au-dessus des cornues. Les matières bitumineuses et goudronneuses qui s’y condensent, sont beaucoup plus abondantes et plus variées que celles qui proviennent de la distillation de la houille. Soigneusement recueillies, elles constituent l’un des produits les plus importants de cette industrie.

Le gaz achève de se débarrasser des matières goudronneuses et des hydrocarbures divers, dans le condenseur et dans la colonne à coke. Puis des épurateurs absorbent l’acide carbonique ou l’hydrogène sulfuré, et le gaz, ainsi purifié, se rend au gazomètre.

Le gazomètre, dans les usines qui préparent le gaz portatif, n’a pas l’importance qu’il présente dans les usines ordinaires. Ce n’est plus, à proprement parler, un réservoir destiné à accumuler de grandes quantités de fluide. Ce n’est qu’une sorte d’entrepôt, une capacité de petite dimension, dans laquelle le gaz est puisé par des pompes foulantes, et refoulé par les mêmes pompes dans des réservoirs cylindriques en tôle, qui sont disposés dans les voitures mêmes qui doivent le transporter chez l’abonné.

Dans l’usine de la rue de Charonne, il y a douze pompes aspirantes et foulantes, qui agissent sur l’unique gazomètre.

C’est, disons-nous, dans les réservoirs de tôle que portent les voitures, que le gaz est immédiatement refoulé et comprimé. Voici comment sont construits ces réservoirs, ainsi que la voiture qui sert à leur transport.

La voiture est une grande caisse de 3 mètres de long sur 2 de large, pesant 1 500 kilogrammes, et renfermant trois rangées de trois cylindres en tôle, en tout neuf cylindres, ou réservoirs. On peut condenser dans chacun de ces cylindres, 400 litres de gaz, mesuré à la pression ordinaire. Ils sont composés d’une tôle assez résistante, car ils doivent renfermer du gaz comprimé à 11 atmosphères. Les cylindres pèsent autant que la voiture, ce qui donne un poids total de 3 000 à 3 500 kilogrammes.

Chaque cylindre est muni d’un tube armé d’un robinet. Ces tuyaux communiquent avec un tuyau général, nommé rampe, qui est placé à l’arrière de la voiture, et qui porte un manomètre, destiné à indiquer le degré de compression du gaz intérieur. Cette rampe est un tube en cuivre, sur lequel sont montés autant de robinets qu’il y a de cylindres ; de sorte qu’en ouvrant un de ces robinets, on fait passer dans le cylindre le gaz contenu dans la rampe, et réciproquement.

La figure 81 représente l’une des voitures pour le transport du gaz portatif ; AB est la rampe, qui communique, au moyen de tubes infléchis, avec chacun des neuf cylindres. C, est un robinet placé au-dessous de la rampe, et communiquant avec elle, sur lequel on adapte le tube destiné à envoyer le gaz chez l’abonné.

Lorsqu’il s’agit de remplir de gaz une de ces voitures, on l’amène près de l’atelier des pompes de compression. On adapte à la rampe un tuyau de caoutchouc, doublé de forte toile, partant du gazomètre, puis, ayant ouvert le robinet de la rampe et les robinets des neuf cylindres, on fait agir la pompe aspirante et foulante. Le manomètre fait connaître la pression, qui est la même dans tous les cylindres, puisqu’ils communiquent tous entre eux, par l’intermédiaire de la rampe.