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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/178

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courant de vapeur qui traverse l’appareil. Une fabrique de Hambourg préparait, en 1860, des quantités considérables de ce liquide, qui servait alors à l’éclairage des rues dans un certain nombre de villes de l’Allemagne.

Nous pouvons citer encore, comme propre au même objet, l’hydrocarbure que l’on retire de la distillation de la résine par des procédés particuliers. Ce liquide éclairant offre cet avantage capital, de n’être point combustible par lui-même, et par conséquent, de ne pas offrir, dans son maniement, les dangers qui ont fait repousser avec raison l’huile de schiste de l’intérieur des habitations. La source de ce liquide est d’ailleurs trop limitée pour que l’on puisse espérer le voir jamais prendre une extension importante. La résine est d’une production assez bornée, et elle ne saurait suffire aux besoins d’une consommation qui dépasserait certaines limites.

C’est ici le lieu de faire remarquer que l’emploi dans l’éclairage, du gazogène, de l’huile de schiste et de tous les hydrocarbures volatils, est une source continuelle de dangers. Les huiles végétales ne sont pas inflammables par elles-mêmes, elles ne peuvent brûler que par l’intermédiaire d’une mèche de coton. C’est ce qui donne une sécurité absolue pour la conservation de ces matières dans les magasins, et pour leur maniement à l’intérieur de nos maisons. Au contraire, l’huile de schiste, l’essence de térébenthine mélangée d’alcool, c’est-à-dire le gazogène, les huiles volatiles provenant de la distillation du bog-head et d’autres bitumes, s’enflamment directement par l’approche d’un corps en combustion, tel qu’une allumette. Cette fâcheuse propriété commande toutes sortes de précautions et de soins dans la conservation et l’emploi de ces substances. Une traînée d’huile qui se répand sur le sol, est un accident désagréable ; mais une traînée d’huile de schiste qui coule sur le parquet, est une véritable cause de dangers, puisque le liquide peut aller s’enflammer à un foyer et mettre le feu à la maison.

Voilà le vice fondamental de tous les liquides combustibles par eux-mêmes. Aussi, dans les ateliers et les fabriques éclairés à l’huile de schiste, par exemple, a-t-on la sage précaution de fixer à demeure, les lampes contre le mur, ou de les suspendre invariablement au plafond, comme les appareils d’éclairage au gaz.

Malgré ces précautions, il se produit bien des accidents pendant le remplissage des lampes, par les bris de bouteilles, etc. Tous ces liquides sont donc une cause perpétuelle de dangers. La prudence exige qu’on leur interdise l’accès des habitations privées, qu’on les consacre uniquement à l’éclairage des rues, des cours des maisons et des lieux en plein air.

Il nous reste à dire que l’huile de schiste, et tous les hydrocarbures destinés à remplacer les huiles végétales, ont été détrônés et rejetés dans l’ombre, par un véritable coup de théâtre de la science et de l’industrie. Une huile minérale nouvelle, découverte au sein de la terre, et dont on commença à répandre dans l’industrie des masses considérables dès l’année 1863, a produit une véritable révolution subite dans l’art de l’éclairage. Nous voulons parler du pétrole. Au-dessous du sol de l’Amérique du Nord, on a trouvé d’immenses lacs de ce liquide combustible ; il suffit d’un trou de sonde pour faire jaillir une colonne continue de pétrole. Le même produit naturel a été trouvé ensuite, avec une certaine abondance, en Asie et dans quelques parties de l’Europe.

C’est vers l’année 1858 que les sources jaillissantes d’huile de pétrole furent découvertes en Amérique, pour la première fois. Comme ce liquide se prête merveilleusement à l’éclairage et qu’il n’est pas inflammable par lui-même, quand on a eu la précaution de le