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priver, par des distillations répétées et une épuration convenable, des hydrocarbures très-volatils qu’il renferme, il donne une certaine sécurité comme agent d’éclairage. Aussi l’usage de l’huile minérale de pétrole n’a-t-il pas tardé à se répandre en Amérique. Ce produit est parvenu rapidement en Europe, où son bas prix l’a fait promptement accepter. Le pétrole a commencé par détrôner l’huile de schiste et les autres liquides combustibles à bas prix qui étaient alors en usage pour l’éclairage des ateliers, et bientôt les perfectionnements apportés à sa purification, lui ont ouvert l’accès des appartements.

Mais ce sujet mérite d’être étudié avec une attention particulière. Nous consacrerons, en conséquence, quelques chapitres à son développement.


CHAPITRE XXVI

gisements d’asphalte pétrolifère connus dans l’antiquité. — la mer morte et les sources d’huiles minérales anciennement connues. — les gisements d’asphalte en amérique. — l’huile de schiste exploitée en amérique et en europe. — le bitume d’asie ou asphalte de rangoun. — découverte accidentelle, faite dans l’amérique du nord, en 1858, des sources jaillissantes d’huile de pétrole.

Il est bien surprenant qu’un produit d’une aussi grande utilité pour les hommes, que l’huile de pétrole, ait été connu de tout temps et utilisé en partie par la civilisation ancienne, et que son usage ne se soit pourtant répandu que de nos jours. En ce moment, nous sommes encore loin de tirer de cette matière précieuse tout le profit qu’on doit en attendre. L’huile de pétrole s’est à peine introduite depuis quelques années dans la consommation générale, et déjà l’on comprend qu’elle constituera l’une des plus grandes richesses de l’humanité, une matière égale au moins à la houille, et qui est appelée, comme cette dernière substance, à exercer une influence fondamentale sur les progrès de l’industrie et du bien-être des nations.

Il faut remonter à une époque très-reculée pour trouver la première mention faite dans l’histoire des matières bitumineuses pétrolifères. Les mines de Ninive nous donnent ce premier témoignage historique. Les murailles de cette vieille cité de l’Asie, sont, en effet, cimentées par un mortier asphaltique, résidu de l’évaporation naturelle du pétrole. Le même ciment avait servi à l’édification de Babylone, et par conséquent aussi à la construction des fameux jardins suspendus, si toutefois cette merveille parmi les sept merveilles du monde, ne doit pas être reléguée dans le domaine de la Fable. Le pétrole était tiré des sources d’Is, qui existent encore aujourd’hui, non loin des bords de l’Is, petit affluent de l’Euphrate, qui coule à 190 kilomètres environ au-dessus de Babylone.

Les anciens Égyptiens connaissaient le pétrole ; ils s’en servaient également pour la conservation des vivants et pour celle des morts. Ceux de leurs prêtres qui exerçaient l’art de guérir, administraient cette huile à leurs malades, et non sans raison, d’ailleurs, car le pétrole est un stimulant diffusible, au même titre que l’essence de térébenthine. C’est encore un excellent vermifuge, un remède héroïque contre le tœnia ou ver solitaire, et nulle part le tœnia n’est plus commun que dans la vallée du Nil. Le pétrole servait certainement aux embaumements ; il n’est pas difficile de reconnaître cette substance à l’odeur qu’exhalent encore aujourd’hui les bandelettes des momies égyptiennes.

Hérodote parle des puits de Zacynthe qui fournissaient une huile minérale. Zacynthe, dont parle Hérodote, était l’île de Zante, qui fait partie des îles Ioniennes.

Plutarque cite un lac d’huile naturelle qui brûlait près d’Ecbatane.

Pline et Dioscoride mentionnent les sources huileuses d’Agrigente, en Sicile. Les habitants les utilisaient pour l’éclairage. Ce-