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pendant cet usage ne se généralisa pas, bien que l’Italie soit riche en gisements de pétrole.

Les Chinois, dont la civilisation est restée immuable depuis les temps les plus reculés, ont dû rencontrer fréquemment des sources de pétrole, dans les sondages à la corde qu’ils pratiquaient pour découvrir des sources d’eau salée. Leurs puits artésiens, chefs-d’œuvre de patience, atteignent à des profondeurs de 600 et même de 800 mètres. Par suite de cette excessive profondeur, qui va confiner aux parties brûlantes de l’intérieur de notre globe, il se dégage souvent de ces puits, des flammes et des jets de gaz, qui brûlent comme des volcans en miniature. Certains puits artésiens du Céleste Empire qui, par leur ancienneté, sont de véritables monuments archéologiques, laissent couler depuis des siècles, une huile inflammable, sans que le réservoir naturel semble près de tarir.

Les bords de la mer Caspienne sont riches en sources de pétrole. Nous avons déjà parlé dans l’histoire du gaz de l’éclairage, des sources de Bakou, situées sur les bords de la mer Caspienne, qui donnent naissance à des effluves gazeux inflammables. Ces feux naturels qui doivent leur combustibilité à des vapeurs de pétrole, brûlent depuis l’antiquité la plus reculée. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit concernant les temples du feu qui existent en Perse, et la secte des adorateurs de ce feu. Seulement nous présenterons (fig. 107) la vue de l’un de ces temples, d’après les dessins qu’a rapportés de ce pays un voyageur moderne, M. Flandin.

La mer Morte, ou lac Asphaltite, a tiré son nom des mêmes circonstances naturelles. Tout le monde connaît la légende biblique d’après laquelle Sodome et Gomorrhe, villes situées au bord de cette mer, périrent dans un embrasement général. Cette histoire a peut-être son origine dans quelque sinistre qui se produisit dans ces villes, par un de ces accidents dont les exemples, nous le verrons, n’ont pas de nos jours été rares en Amérique. Peut-être une source abondante et nouvelle qui vint tout à coup à surgir du sol, fut-elle enflammée par hasard, et, ruisselant en gerbes de feu parmi les campagnes et les villes, alla-t-elle répandre l’incendie et la mort dans ces malheureuses contrées. C’est sans doute par ce vulgaire accident que les débris de Sodome et de Gomorrhe dorment aujourd’hui sous les eaux tranquilles du lac Asphaltite.

De nos jours, en effet, l’huile semble sourdre continuellement des profondeurs de la mer Morte. Elle s’élève à sa surface, et souvent le touriste qui visite les bords solitaires de cette mer, admire les irisations de l’onde produites par la réfringence considérable du liquide bitumineux. Çà et là flottent des masses bitumineuses résultant de l’évaporation de l’huile minérale, et la plage est couverte d’épaves composées d’asphalte.

Il existe en Asie, en Afrique, en Amérique, des lacs plus riches encore en asphalte, c’est-à-dire en bitume provenant de l’évaporation de l’huile de pétrole.

Un grand nombre de sources de pétrole, peu abondantes, mais qui peut-être indiquent l’existence de grandes nappes souterraines, sont depuis longtemps connues en France et dans les autres pays de l’Europe. Nous citerons celle de Gabian, près de Pézénas (Hérault), qui avait dû sa réputation à ses vertus médicinales, — celle de Schwabwiller (Bas-Rhin), qui a été retrouvée en 1838, par M. Degousée ; — celles d’Amiano, découvertes en 1640, et qui ont longtemps servi à l’éclairage des rues de la ville de Gênes ; — enfin celles de Montechiaro, près de Plaisance ; celles de Modène ; de Lamperslock ; en Suisse ; dans le comté de Hanau ; et de Sehne, sur la frontière du Hanovre.

Mais la contrée la plus riche en pétrole, paraît être l’Amérique. L’existence de sources de pétrole, dans l’Amérique du Nord,