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Fig. 107. — Découverte de la première source jaillissante d’huile de pétrole par Drake en 1858.


premiers Européens qui émigrèrent dans cette partie de l’Amérique du Nord. On a retrouvé, en effet, dans les terrains bitumineux du Canada, plusieurs puits à pétrole, qui sont aujourd’hui comblés en partie, mais qui devaient être d’une grande profondeur, si l’on en juge par la masse de déblais qui les entourent. L’ancienneté de ces puits est prouvée par la grande taille des arbres qui sont venus sur ces terres transportées.

Pendant de longues années l’huile de Seneca vécut de sa modeste réputation thérapeutique. On s’inquiétait peu d’une drogue médicinale, plus ou moins efficace, dans cette nation ardente, enfiévrée de lucre, de négoce et d’aventures, qui ne mesure les choses qu’à leur prix de vente et à leurs débouchés commerciaux. De temps en temps, un naturaliste, un savant, un homme inutile, annonçait la découverte d’une nouvelle source d’huile de Seneca, en Pensylvanie, en Virginie ou ailleurs ; mais personne n’y faisait attention. Les produits du lac de Seneca ne devaient-ils pas suffire à guérir tous les impotents ?

Une première découverte commença pourtant à émouvoir un peu l’indifférence des Yankees. Vers 1830, un propriétaire de Burksville, dans le Kentucky, faisait creuser un puits, pour chercher de l’eau salée. À 60 mètres de profondeur, la sonde rencontra, sous une couche de roc solide, une nappe jaillissante, dont un jet s’éleva à près de quatre mètres au-dessus du sol. Mais ce n’était point, comme on s’y attendait, de l’eau salée ! c’était une huile inflammable. Dès les premiers moments, l’écoulement fut très-abondant ; le liquide se déversa dans la rivière Cumberland, où il surnagea. Quelques badauds s’amusèrent à y mettre le feu, et