Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fiance cette huile à l’éclairage. Les essences légères, placées dans ces conditions, s’enflamment comme de l’alcool ; les essences lourdes ne s’enflamment jamais. Le pétrole destiné à l’éclairage ne doit s’enflammer dans la même expérience, que lorsqu’on l’a chauffé quelque temps, soit en l’approchant du feu, soit par le voisinage, longtemps continué, d’une allumette en ignition. Dans les ateliers américains on prescrit de rejeter toute huile qui s’enflamme par l’approche d’une allumette, quand elle est chauffée à 44° centigrades.

Voilà des indications pratiques bonnes à retenir.

On s’est livré à de nombreuses expériences comparatives sur le pouvoir éclairant et sur le prix de revient de l’éclairage au pétrole. Les professeurs Booth et Garret, à Philadelphie, ont trouvé que 10 litres d’huile naturelle produisent, en moyenne, autant de lumière que 24 mètres cubes de gaz, ou bien, autant que 45 litres de gazogène (mélange d’essence de térébenthine et d’alcool).

La comparaison avec les bougies de paraffine et de blanc de baleine, a donné des résultats tout aussi favorables. On a déduit d’expériences comparatives, que le même pouvoir éclairant est obtenu, si l’on brûle pour 104 francs de bougies de spermaceti, 64 francs de bougies d’adamantine, 60 francs de bougies de paraffine, 11 francs de gaz et 5 francs 55 centimes de pétrole.

Faisons remarquer que ces résultats sont basés sur le prix de l’huile de pétrole à New-York, et qu’ils seraient moins favorables au pétrole avec le prix de cette huile en Europe, lequel est augmenté par les frais de transport.

En 1863, le professeur Frankland, de Londres, a trouvé, d’après des expériences particulières, que, pour produire l’intensité lumineuse représentée par vingt bougies de blanc de baleine, brûlant pendant dix heures, il faudrait dépenser les sommes suivantes, pour chaque substance employée à l’éclairage :

Cire 
8 fr. 90 c.
Blanc de baleine 
8 30
Paraffine 
4 75
Chandelle de suif 
3 30
Huile de blanc de baleine 
2 25
Huile de paraffine 
0 60
Pétrole 
0 76
Gaz de houille 
0 42
Gaz de cannel-coal 
0 30

On voit que, sous le rapport économique, c’est le pétrole et l’huile de paraffine qui se rapprochent le plus du gaz. Par conséquent, comme tout porte à le croire, si le prix de ces huiles vient à baisser, elles entreront plus largement encore dans la consommation, et pourront faire une concurrence redoutable au gaz d’éclairage.

Quoi qu’il en soit, l’huile de pétrole est, de tous les moyens d’éclairage actuels, le plus économique, après le gaz.


CHAPITRE XXXI

les lampes pour l’éclairage au pétrole.

Les lampes à pétrole sont d’une grande simplicité. Elles sont formées de trois parties essentielles : le récipient, la mèche, le verre.

Le récipient est d’une forme quelconque. Il importe cependant que la distance entre le niveau de l’huile et la flamme, n’excède jamais 10 centimètres, parce que la capillarité de la mèche aurait peine à faire monter la quantité d’huile nécessaire à un bon éclairage. Un niveau trop élevé amènerait l’effet contraire ; toute l’huile fournie au bec ne serait pas brûlée, et la lampe donnerait de l’odeur.

Le réservoir des lampes à pétrole est en cuivre ou en verre, selon que l’on veut cacher ou laisser apparaître le liquide combustible. La figure 115 montre la forme habituelle des lampes à réservoir de métal, la figure 116 celle à réservoir de cristal. Les lampes à réci-