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rage, résulte du mélange d’un assez grand nombre de carbures d’hydrogène différents. Les fabricants, en distillant le pétrole, s’efforcent, autant que possible, d’empiéter sur les deux produits extrêmes, qui consistent dans les essences légères et les lourdes, parce que la portion moyenne, c’est-à-dire l’huile à éclairer, trouve un débit plus facile et se vend un prix plus élevé.

L’huile à éclairer doit satisfaire à certaines conditions. Elle doit brûler facilement, en totalité et sans fumée. Elle ne doit posséder qu’une odeur légère, et surtout, elle ne doit présenter aucun danger d’explosion entre les mains du consommateur. Les portions de l’huile brute qui distillent entre les températures de 120 et de 220 degrés, possèdent seules cette propriété.

Les huiles lourdes donnent une flamme fuligineuse. Les essences légères sont peu éclairantes, mais c’est là leur moindre défaut. À la température ordinaire, elles se répandent en vapeurs, qui sont d’une odeur insupportable, et qui, arrivant au contact d’une flamme quelconque, prennent feu, font éclater le récipient et la lampe qui contient l’essence. Le liquide embrasé, lancé par l’explosion, met le feu à tout ce qu’il rencontre.

L’huile à éclairer, privée de ces dangereuses essences, doit avoir une densité comprise entre les limites de 0,800 et 0,820 ; en d’autres termes, un litre de bon pétrole à brûler ne doit pas peser moins de 800 grammes, ni plus de 820 grammes. Il est facile aux consommateurs de faire l’épreuve de l’huile qu’ils achètent, soit au moyen de la pesée du litre, soit à l’aide d’un densimètre. Sur la tige de cet instrument, au point d’affleurement, se trouve indiquée la densité du liquide.

Nous devons dire pourtant que ce moyen de vérification n’est pas toujours certain. Il est arrivé, en effet, que des fabricants peu scrupuleux, se trouvant posséder des huiles à densité trop forte, les mélangent d’essences légères, pour obtenir la densité voulue, et trouver le débit de leur marchandise. Ainsi altérée, l’huile de pétrole réunirait à la fois les défauts des huiles lourdes et les dangers des essences.

M. Salleron, se basant sur ce principe, que le degré d’inflammabilité d’une huile est proportionnel à la quantité de vapeurs qu’elle émet à la température ordinaire, a inventé un petit appareil pour l’essai des huiles de pétrole, dans lequel on mesure la tension des vapeurs de l’huile à examiner.

Il résulte de nombreuses expériences faites par M. Salleron, que la limite maximum de tension permettant d’utiliser une huile pour l’éclairage, est celle qui répond à une pression de 64 millimètres, produite à la température de 15 degrés.

L’instrument construit par M. Salleron pour mesurer la tension des vapeurs de l’huile de pétrole, est d’un maniement assez difficile, et n’est pas entré dans la pratique. Les chimistes et les physiciens n’ont besoin, d’ailleurs, d’aucun instrument particulier pour reconnaître la valeur d’une huile de pétrole pour l’éclairage. Il leur suffit, et c’est le moyen que nous recommandons comme le seul digne de confiance, de placer le liquide à examiner dans une cornue tubulée, qui puisse recevoir la tige de verre d’un thermomètre, et de porter le liquide à l’ébullition, pour reconnaître le degré de la température de cette ébullition. Le pétrole, pour être employé avec confiance, doit bouillir entre 150 et 200°.

Un moyen d’épreuve qui a l’avantage d’être à la disposition de tout le monde, consiste à reconnaître si le pétrole est, ou non, inflammable spontanément. On verse dans une soucoupe un peu de pétrole, et on en approche une allumette-bougie enflammée, ou une allumette de bois. Si le pétrole prend feu, il faut le rejeter ; s’il ne brûle pas au contact de l’allumette-bougie, bien que la partie enflammée de cette allumette soit très-voisine de la surface du liquide, on peut consacrer avec con-