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n’est pas toujours couvert de nuages, et en leur absence, où seraient les effets de ce phare gigantesque ? Ils se perdraient dans le rayonnement vers les espaces célestes ; ils n’éclaireraient que les plaines inhabitées de l’air.

De tous les projets conçus pour appliquer la lumière électrique à l’éclairage public, le seul auquel on puisse sérieusement s’arrêter, dans l’état actuel de nos connaissances, ce serait d’établir dans la ville une dizaine de phares éclairant chacun une certaine étendue. Ce projet n’a, comme on le voit, rien de commun avec la pensée d’employer la lueur d’un seul phare pour une cité entière, d’éclairer, par exemple, tout Paris à l’aide d’un phare électrique dressé sur la colline de Montmartre. Encore ce système d’éclairage, par les raisons déduites plus haut, ne satisferait-il que médiocrement aux conditions requises.

Si l’on ne peut, dans l’état actuel de nos connaissances, songer à consacrer la lumière électrique à l’éclairage public, sur nos places et dans nos rues, peut-on espérer, au moins, la faire servir à l’éclairage privé, dans l’intérieur de nos maisons ? La réponse à cette question ne sera pas plus satisfaisante que la précédente.

Pour pouvoir appliquer la lumière électrique à l’éclairage privé, il faudrait parvenir à diminuer son intensité excessive, et la réduire à ne fournir que le volume de lumière que donnent les appareils dont nous faisons habituellement usage ; il faudrait pouvoir diviser en fractions plus petites, pouvoir partager en mille petits flambeaux, l’ardent foyer lumineux que produit la lampe électrique. Or, dans l’état actuel de nos connaissances, ce résultat est impossible à réaliser. Pour donner naissance, avec la pile électrique, à un arc lumineux d’un effet convenable, il faut employer une pile formée au moins de cinquante éléments de la pile de Bunsen. Avec quarante éléments, la lumière est beaucoup moindre ; à trente, elle est plus faible encore ; à vingt, aucun effet lumineux n’apparaît plus.

Le problème de la division de la lumière électrique en un certain nombre de petits flambeaux, est donc resté insoluble, jusqu’au moment actuel ; la lumière électrique ne pouvant prendre naissance et se manifester qu’à la condition de mettre en jeu une masse énorme d’électricité et disparaissant en entier si l’on essaye de réduire le courant électrique.

Toutefois les difficultés que le passé n’a pu résoudre, il appartient sans doute à l’avenir de les surmonter. Espérons que le problème de la production de la lumière électrique avec une pile composée d’un petit nombre d’éléments, sera un jour résolu. Aucune question plus importante ne saurait s’offrir aux efforts, aux méditations des hommes pratiques et des savants.


CHAPITRE XXXVI

l’éclairage au magnésium — propriétés de ce métal. — lampe pour l’éclairage au magnésium. — application spéciale à la photographie.

En 1864, deux physiciens allemands, MM. Bunsen et Roscoë, ayant constaté le prodigieux éclat que répand, en brûlant, le magnésium réduit à l’état de fil, eurent l’idée de tirer parti pour l’éclairage, de cette précieuse propriété. Le magnésium brûle avec une flamme très-éclatante et très-tranquille, en laissant une traînée de magnésie.

Le magnésium est un métal analogue à l’aluminium par ses propriétés physiques et chimiques, et qui s’obtient, dans les laboratoires, par les mêmes procédés. Ce métal fut découvert en 1827, par M. Bussy ; mais il resta, jusqu’à notre époque, rare et peu connu. Les travaux de M. Sainte-Claire-Deville ayant révélé les propriétés inattendues de l’alumi-