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nium, et rendu pratique un procédé pour retirer ce métal des sels d’alumine, on s’empressa d’appliquer la même méthode aux composés analogues à l’alumine, tels que la magnésie, la zircone, l’yttria, la silice, etc. C’est ainsi que l’on parvint à extraire à peu de frais le magnésium de la magnésie et à constater ses curieuses propriétés physiques et chimiques, qui le rapprochent beaucoup de son congénère, l’aluminium.

Le magnésium est aussi blanc et aussi éclatant que l’argent. Sa densité est de 1,75 ; il pèse six fois moins que l’argent, et un peu plus que le verre. On le prépare dans les laboratoires ou dans l’industrie, en traitant par le sodium le chlorure de magnésium pur. Pour le réduire à l’état de fils, on le comprime, à l’aide d’une presse hydraulique, dans un moule en acier, chauffé et muni à sa partie inférieure d’une ouverture qui a pour diamètre celui du fil que l’on veut obtenir.

Le magnésium fond vers 425°, c’est-à-dire à peu près à la même température que le zinc. Chauffé en vases clos, il se réduit en vapeurs. Inaltérable dans l’air sec, à la température ordinaire, il se ternit au contact de l’air humide. Chauffé au contact de l’air, il brûle avec une flamme très-brillante. Un fil d’un tiers de millimètre de diamètre, répand, en brûlant, autant de lumière que soixante-quatorze bougies stéariques, du poids de 100 grammes chacune. Pour entretenir cette vive lumière pendant une minute, il suffit de brûler un fil de 0m,9 de longueur, pesant 12 centigrammes ; pendant une heure, 72 grammes de fils de magnésium. 1 gramme de magnésium brûlant dans l’oxygène produit un éclat égal à celui de 110 bougies.

Le caractère particulier de la flamme du magnésium, c’est sa grande activité comme agent chimique. Aussi la photographie a-t-elle tiré parti de cette précieuse action. La magnésie, qui n’était connue jusqu’à ce dernier temps que des pharmaciens, s’est donc élevée, de nos jours, au rang de luminaire.

Ce luminaire, toutefois, n’a pas pris encore grande extension. On a appliqué la combustion du fil de magnésium à remplacer la lumière naturelle pour des tirages photographiques ; mais c’est là un rôle bien borné et de bien peu d’importance.

Cette application du magnésium à la photographie, a été faite pourtant, dans une occasion intéressante. M. Piazzi-Smith, astronome royal d’Écosse, la fit servir à l’éclairage de l’intérieur de la grande pyramide de Memphis, pour pouvoir photographier les particularités les plus intéressantes de cet antique monument, les étudier et les mesurer. On peut signaler à ce propos, la série de photographies du célèbre coffre de granit de la chambre royale, qui, d’après les archéologues, serait une mesure de capacité contenant exactement 1 162lit,724.

La lumière du magnésium est très-employée en Amérique par les photographes. La lampe qui sert à brûler ce métal, éclaire pendant une heure et demie ou deux heures, et sa consommation est de moins de 30 grammes. Le magnésium est fabriqué, à Boston, sur une assez grande échelle.

L’appareil, fort simple, que l’on a construit en France pour brûler les fils de magnésium, et appliquer l’éclat de cette flamme à la photographie, a été combiné par M. Salomon, et est construit par M. Greslé.

Conduit par deux rouleaux, que met en action un mouvement d’horlogerie, le fil traverse une boîte de métal, et arrive devant un réflecteur d’argent : c’est là qu’on l’allume. La figure 133 représente la lampe à magnésium.

A est un cylindre garni de fil de magnésium ; — B le fil passant à travers la boîte D ; — D est la boîte contenant deux roues garnies de gutta-percha, qui sont mises en mouvement par un système d’horlogerie. C’est entre ces deux roues que se trouve pincé le