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courant de gaz oxygène. La lumière émise dans ces circonstances, est tellement vive qu’elle vient au troisième rang après la lumière solaire et celle de l’arc électrique.

Durmmond était un officier de la marine anglaise. Il fit ses expériences au commencement de notre siècle, et comme nous l’avons dit dans l’histoire de la Télégraphie aérienne, qui fait partie de cet ouvrage [1], on fit l’essai de ce mode d’illumination lointaine, par l’ordre de l’empereur Napoléon Ier, dans le camp français de Boulogne, en 1804. Mais les dangers auxquels exposait le maniement de ce mélange gazeux empêchèrent de pousser plus loin les essais.

L’emploi de la lumière Drummond amena une découverte fondamentale. On reconnut que si, au lieu de faire brûler simplement les deux gaz, on interpose au milieu de la flamme, un corps étranger, infusible et fixe, et particulièrement un globule ou un cylindre de chaux, la lumière s’accroît dans des proportions considérables. Ce petit corps, interposé dans la flamme, devient lumineux, condense et dissémine au loin toute la lumière résultant de la combustion ; et ainsi se produit un foyer de lumière qui dépasse en intensité toutes les sources lumineuses connues, si l’on en excepte le soleil et la lumière électrique.

Les crayons de chaux appliqués à cet usage particulier, ont des inconvénients dans la pratique. Souvent ils éclatent en morceaux, surtout en se refroidissant. Un chimiste italien, M. Carlevaris, professeur à Turin, proposa de remplacer la chaux par la magnésie. M. Carlevaris prenait un morceau de coke des cornues à gaz ; il le taillait en forme de prisme triangulaire, et plaçait dans un trou creusé dans ce charbon, un fragment de chlorure de magnésium gros comme une fève. Ce morceau de coke était interposé dans la flamme du gaz oxy-hydrique. Par la chaleur de la flamme le chlorure de magnésium se décomposait, et laissait de la magnésie pure : ce globule devenait le centre d’une production de lumière resplendissante.

M. Carlevaris substitua ensuite au chlorure de magnésium pur, un mélange de chlorure de magnésium et de magnésie. Il donnait à ce mélange, en le comprimant, la forme de lamelles plates. Cette forme avait l’avantage de laisser, après la décomposition du chlorure par la chaleur, des lames très-minces, poreuses et transparentes, qui répandaient la lumière dans tous les sens, et ne faisaient pas ombre, comme la chaux.

La lampe oxy-hydrique de M. Carlevaris avait été imaginée pour appliquer à la photographie ce mode d’illumination, et remplacer le soleil pour les tirages photographiques, ou pour les expériences d’optique. L’auteur voulait également l’appliquer à l’illumination des phares. Pour les expériences d’optique ou de photographie, on n’employait qu’une seule lame, avec un seul bec de gaz oxy-hydrique ; mais pour l’éclairage à grande distance, on dressait verticalement au sommet de la lampe, un certain nombre de lames, de manière à former un cylindre, et l’on faisait tomber sur ces lames les jets enflammés de deux ou trois becs. On obtenait ainsi des cylindres de lumière analogues à ceux des lampes à mèches concentriques de Fresnel, mais incomparablement plus intenses. Ce mode d’éclairage par des lames de magnésie illuminées, était très-curieux à voir.

Beaucoup d’essais ont été faits pour rendre pratique l’usage de l’éclairage par le gaz oxy-hydrique. Il n’existe pas moins de quinze brevets d’invention en France, et plus de vingt en Angleterre, pour des systèmes de ce genre. Nous nous bornerons à rappeler, qu’en 1834, un industriel et physicien d’un certain mérite, M. Galy-Cazalat, fit plusieurs

  1. Tome II, pages 45, 46.