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inégalité injuste et choquante, qui s’exerce aux dépens de toute la population parisienne, et qui donne la mesure des bénéfices que doivent réaliser ces entreprises. Toute industrie fait habituellement profiter les consommateurs des réductions qui peuvent survenir, soit dans la matière première, soit dans les progrès de sa fabrication. Seules, les compagnies du gaz, avec leur tarif fixe et inébranlable, persistent à tenir le consommateur parisien en dehors des améliorations qui peuvent résulter pour elles du progrès et des perfectionnements de leur fabrication. Nous verrions donc sans déplaisir un nouveau système d’éclairage s’offrir aux habitants de la capitale, pour les soustraire à un monopole tyrannique.

Fig. 141. — Lampe oxy-hydrique pour les projections.
A, introduction du gaz oxygène ; B, introduction du gaz hydrogène ; C, tube conduisant le gaz à la caisse D ; E, petit tube de sortie du gaz mélangé ; F, crayon de zircone ; G, vis de pression pour faire varier la hauteur de l’appareil d’agrandissement et de projection ; H, charnière ; L, lentille de réflexion ; N, robinet pour régler la combustion du gaz ; R, pavillon réflecteur.

Ce rôle est-il réservé au nouveau gaz ? À vrai dire, nous ne l’espérons pas. Il y a bien des dangers dans le maniement simultané de l’oxygène et du gaz de l’éclairage. Or, la première condition pour l’éclairage public ou privé, c’est une sécurité absolue. Non-seulement cette sécurité n’est point garantie avec le mélange d’oxygène et d’hydrogène, si bien désigné dans les laboratoires sous le nom de gaz tonnant ; mais tout ferait craindre, au contraire, qu’il n’arrivât des accidents assez graves le jour où l’on abandonnerait à des mains inexpérimentées ou malhabiles le maniement d’un tel mélange. Dans nos théâtres, où l’on fait usage aujourd’hui de ce mélange gazeux, pour remplacer la lumière électrique, il est arrivé plus d’une fois des explosions, qui ont peu de gravité sans doute, en raison du faible volume de gaz employé, mais qui donnent à réfléchir pour le cas où ce mode d’éclairage se généraliserait. Une explosion qui arrive dans nos maisons, par l’effet d’une fuite de gaz d’éclairage, est déjà un accident redoutable ; mais ses conséquences ont rarement beaucoup de gravité. Il en serait tout autrement, si, par une perte des deux gaz hydrogène bicarboné et oxygène, un mélange explosif venait à se produire dans une pièce fermée. L’inflammation d’un certain volume de ce mélange gazeux, c’est-à-dire de gaz tonnant, aurait les plus terribles conséquences. Cette éventualité suffira peut-être à faire proscrire le nouveau gaz de l’intérieur de nos demeures, et à le réserver pour l’éclairage des places et des rues.

D’un autre côté, la canalisation, c’est-à-dire la distribution du gaz oxygène dans des tuyaux enfouis sous le sol, donnerait lieu