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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/260

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le principe du tirage renversé ; mais il n’avait pas fait usage des chambres de chaleur à l’intérieur de la cheminée. Ce genre d’appareil de chauffage que Franklin appelait poêle de Pensylvanie (Pennsylvanian fireplace), se répandit rapidement dans les États-Unis d’Amérique. Il fut importé en France par Fossé et Barbeu-Dubourg.

Franklin eut encore le mérite de prouver que les cheminées sont fort utiles, en été, comme moyen de ventilation des appartements. Il chercha à augmenter l’activité de cette ventilation, par des moyens ingénieux, que l’on trouve exposés dans une Lettre à Baudouin, qui fait partie de ses Œuvres complètes.

À cette liste des physiciens et des inventeurs qui ont contribué au perfectionnement de l’art du chauffage par les cheminées, il faut ajouter le nom du marquis de Montalembert, qui, en 1763, présenta sur cette question, à l’Académie des sciences de Paris, un mémoire plein d’intérêt.

Le marquis de Montalembert, qui avait été ambassadeur de France en Suède et en Russie, avait vu et bien apprécié les appareils de chauffage employés par les peuples du Nord. Rentré en France, il voulut en donner des descriptions exactes. Ces appareils sont les poêles de Keslar ; mais le marquis de Montalembert indiqua, en outre, une modification très-ingénieuse des cheminées, basée sur les mêmes principes et permettant une économie considérable. Ces cheminées n’empêchaient pas la vue du feu, comme les poêles, et étaient dès lors, comme il le dit, « plus conformes à la coutume de notre pays. »

C’est vers cette époque, comme nous l’apprend la grande Encyclopédie de Diderot, qu’un architecte de Paris, nommé Decotte, eut l’idée de poser les glaces des appartements, par-dessus les cheminées, ce qui fit disparaître les ornements, plus ou moins élégants, et les décorations sculpturales, que l’on appliquait depuis le Moyen âge, au-devant du tuyau des cheminées. C’était là une idée excellente, et comme les idées excellentes, elle rencontra toutes sortes d’oppositions, et ne triompha qu’avec le secours du temps. Comment serait reçu aujourd’hui l’architecte qui proposerait de supprimer les glaces qui couvrent nos cheminées, et de les débarrasser de la pendule classique et des non moins classiques flambeaux ?


CHAPITRE III

travaux du physicien rumford sur le chauffage au moyen des cheminées. — travaux de péclet sur les divers modes de chauffage.

Nous arrivons ainsi au physicien Rumford. Ses travaux exercèrent sur l’art du chauffage une influence considérable, mais qui ne fut pas toujours heureuse. Rumford, en effet, négligea totalement les bouches de chaleur, sur lesquelles Savot et Gauger avaient, avec raison, tant insisté. Les errements de Rumford, suivis encore aujourd’hui, sont déplorables à ce point de vue. C’est à ce physicien que l’on doit de voir la plupart des cheminées en France, privées de bouches de chaleur, artifice si simple et si efficace pour accroître la proportion de calorique fournie par les cheminées.

Mais la part étant faite à un juste reproche, il faut reconnaître que Rumford a beaucoup perfectionné les détails de construction des cheminées, et qu’en particulier, sa cheminée à foyer mobile fut une invention d’un grand mérite.

Pour faire bien apprécier les travaux de Rumford sur le chauffage domestique, il sera nécessaire de poser ici quelques principes de physique, c’est-à-dire de bien établir en quoi consistent, d’une part, le tirage d’une cheminée, et d’autre part le rayonnement de la chaleur par les combustibles brûlant dans l’âtre.

Qu’est-ce que le tirage ? C’est l’action par