Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/259

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revinrent aux inventions de Savot et de Perrault. C’est ce qui eut lieu en particulier pour Pierre Hébrard, qui cependant avait si bien traité la partie historique de la question.

« Mais de tous les contemporains de Gauger, bien certainement celui qui fut le plus injuste à son égard, ce fut Genneté, qui tomba dans le défaut que je viens de signaler, non par ignorance (il était premier physicien de Sa Majesté Impériale en 1760), mais pour avoir voulu inventer des appareils qui au fond n’étaient que ceux de Gauger, dont il avait commencé par nier toutes les découvertes. — Il voulut aussi avoir trouvé la ventilation, en voyant la manière dont les ouvriers faisaient circuler l’air dans les mines du pays de Liége, et, pour cela, « il s’était rendu le disciple des noirs charbonniers, malgré le danger de s’en aller instruire si bas. »

« Quelle différence de ce style recherché avec celui au contraire si simple de la Mécanique du feu !

« Je serais loin d’avoir terminé, si je voulais montrer tous les emprunts qui ont été faits à ce livre. La plupart de nos inventions prétendues modernes s’y trouvent, sinon décrites, au moins indiquées ; j’aurai occasion d’en signaler quelques-unes. Je ne veux cependant pas abandonner ce sujet sans parler d’une autre espèce de spoliation dont faillit être victime notre Gauger.

« Après lui avoir pris toutes ses inventions, on voulut encore annihiler sa personnalité. En 1829, Mickleham, auteur d’un ouvrage anglais sur le chauffage et la ventilation, prétendit, sans que j’aie pu découvrir d’où venait cette version, que Gauger n’avait jamais existé, et que la Mécanique du feu avait été écrite sous ce nom supposé par le cardinal de Polignac. Cette opinion fut reproduite plus tard par Bernan et aussi par Tomlinson, dans sa première édition, et c’est ce dernier auteur qui, ayant eu à écrire un article pour le journal « The Quarterly Review, » eut occasion de rechercher dans quelles circonstances un homme de la valeur du cardinal de Polignac avait fait une si heureuse découverte. Après de nombreuses recherches à Londres et à Paris, il parvint à s’assurer qu’une erreur avait été commise, non par Bernan, comme il le dit, mais par Mickleham dont l’ouvrage parut seize ans auparavant.

« Gauger exista en effet, et je ne crois pouvoir mieux le démontrer qu’en reproduisant la notice suivante, extraite de la Biographie universelle de Michaud :

« Gauger (Nicolas), né auprès de Pithiviers, vint à Paris trouver un heureux supplément à la modicité de sa fortune, — s’attacha sans charlatanisme à faire des expériences en public, — trouva ensuite le moyen de subsister avec honneur, — devint intime du P. Desmolets, de l’Oratoire, et du chevalier de Liouville, avec lesquels il entretint une correspondance littéraire. — Mort en 1730, après avoir publié : 1o la Mécanique du feu, etc.

« D’après l’un des titres, nous apprenons que Gauger était avocat au Parlement de Paris et censeur royal de livres. »

Tel est l’homme qui, certainement, a le plus fait pour le chauffage, et qui peut-être eût été entièrement oublié, si Franklin ne l’avait mentionné dans ses écrits. Ses cheminées étaient parfaitement conçues ; elles n’avaient que le défaut d’être un peu trop compliquées, surtout par l’adjonction d’accessoires dont cependant on ne peut nier l’utilité[1] ».

Dans les passages que nous venons de citer, M. Castarède Labarthe force un peu la note admirative. Ce qu’il est resté de pratique des travaux de Gauger, c’est la division des parois de la cheminée en compartiments dans lesquels l’air froid est forcé de circuler autour du foyer, et de sortir ensuite par les bouches de chaleur placées latéralement. C’est encore à Gauger qu’appartient l’idée fondamentale, et aujourd’hui trop négligée, de faire, à l’extérieur de la chambre, une prise d’air, qui vienne s’échauffer autour du foyer, et se répandre ensuite chaud dans la pièce.

En 1745, Franklin marqua une date importante dans l’histoire du chauffage domestique, en inventant la cheminée ou poêle à combustion renversée, dont la figure 154 fait suffisamment comprendre le principe et la disposition.

Fig. 154. — Cheminée à combustion renversée.

Déjà Keslar en 1619, avait mis en pratique

  1. Du chauffage et de la ventilation des habitations privées, par P. Castarède Labarthe. Paris, in-8, 1869.