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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/281

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Le tirage des cheminées devient plus actif dans les grands froids de l’hiver, pour une seconde raison : c’est qu’il y a une plus grande différence de densité entre la colonne de gaz chauds contenus dans le tuyau de la cheminée et une égale colonne d’air prise à l’extérieur.

L’intensité des foyers varie suivant la pression atmosphérique. D’où il suit que la combustion languit à mesure que la pression de l’air diminue. Dans l’une de ses ascensions au mont Blanc, où le mercure du baromètre ne s’élevait plus qu’à une hauteur de 0m,57, Th. de Saussure reconnut qu’un feu de charbon de bois ne pouvait être maintenu qu’à la condition de l’alimenter continuellement par un soufflet.

L’humidité de l’air est une condition nuisible à l’activité des foyers. En effet, la transformation en vapeurs des gouttelettes d’eau, et l’élévation de cette vapeur à une haute température, causent une perte de chaleur. On reconnaît, en effet, que les foyers languissent par les temps humides.

En été, par le fait de la température, la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’air, augmente. C’est pour cela que, dans la plupart des verreries, on est obligé de suspendre le travail pendant l’été. Dans cette saison, l’air chaud et humide ne donne plus assez de chaleur pour fondre convenablement le verre.

Les cheminées fument quand un orage se prépare. C’est parce qu’alors la pression barométrique a diminué, que l’air est humide, le vent brusque, et que la température a changé.

Mais il est encore une autre cause de fumée pendant les orages, qu’il importe de signaler ici, car elle semble n’avoir été remarquée par personne. Nous voulons parler de l’état électrique général de l’air.

Un peu avant le commencement de l’orage, avant les premières gouttes de pluie et les premiers coups de tonnerre, tout le monde a pu voir qu’une quantité considérable d’une fine poussière flotte dans l’air, poussière beaucoup plus forte qu’elle ne le serait à un autre moment, par un vent de même force. C’est que tous ces petits corps sont électrisés de la même manière, que, par conséquent, ils se repoussent, et s’élèvent en tourbillons à une grande hauteur, et que là ils se divisent et se répandent à l’infini. Dès les premières gouttes de pluie, la tension électrique cesse, et la poussière disparaît. Or, entre les molécules de la fumée, les mêmes effets de répulsion mutuelle se produisent, augmentés encore par la siccité de l’air par le foyer. Les flocons de fumée s’éparpillent donc au lieu de se réunir pour traverser la gorge de la cheminée, et se répandent ainsi dans la pièce.

Pourquoi le soleil fait-il fumer les cheminées ? C’est qu’il produit des courants d’air de deux espèces, qu’il importe de bien distinguer.

L’air chauffé au contact du toit frappé par le soleil, s’élève le long des tuyaux, qui sont plus chauds encore, et forme un courant ascendant, qui se réfléchit, sous les calottes ou les feuilles de tôle courbées formant le capuchon de la cheminée, et refoule la fumée dans le conduit. Mais là n’est pas l’action la plus énergique du soleil. Vers le milieu du jour, les faces des maisons tournées au midi, sont suffisamment chaudes pour qu’un large et puissant courant d’air ascendant se produise, qui fait appel sur toutes les ouvertures de la façade, surtout sur les fenêtres des étages supérieurs. Les joints de ces fenêtres ne fournissent plus aux foyers la même quantité d’air, et le tirage se fait péniblement. Si la fenêtre est ouverte, il pourra même arriver que de l’air descende par la cheminée pour satisfaire à l’appel du dehors, et provoque par conséquent encore plus de fumée.

Telles sont à peu près toutes les causes, d’une efficacité suffisamment prouvée, auxquelles on peut attribuer la production de la fumée, et en général, le mauvais fonctionnement des cheminées d’appartements