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dans les salles chauffées soit à l’aide de poêles de fonte, soit par l’air chauffé au contact de plaques portées au rouge. »

Nous ajouterons qu’au mois de janvier 1868, M. Sainte-Claire-Deville ayant fait installer deux de ces petits instruments si commodes pour constater la présence de l’oxyde de carbone, près des deux poêles de fonte qui chauffent la salle du cours de chimie de la Sorbonne, ces poêles étaient allumés depuis dix minutes à peine lorsque la sonnerie électrique se mit à retentir, indiquant ainsi la présence de l’oxyde de carbone dans l’atmosphère.

Tous ces faits parurent si singuliers que l’Académie des sciences voulut recevoir un rapport sur cette question. Avec un zèle et un empressement très-louables, M. le général Morin, dans la séance suivante, c’est-à-dire le 3 février 1868, donna lecture du rapport de la commission nommée pour l’examen du mémoire de M. Carret.

Ce rapport, entièrement favorable aux idées du médecin de Chambéry, développait longuement les faits que nous avons résumés plus haut : l’épidémie observée en Savoie, les expériences faites au lycée de Chambéry, celles de M. Carret sur lui-même et sur plusieurs personnes de bonne volonté, enfin celles qui avaient été faites sur les animaux.

Le rapport de M. le général Morin n’obtint pourtant pas les suffrages de l’Académie. On trouva qu’il reflétait avec trop de fidélité les vues de l’auteur.

M. Bussy, quoique membre de la commission, déclara qu’il serait imprudent de se porter garant de tous les faits avancés par M. Carret, et que certaines de ses conclusions lui paraissaient exagérées au point de vue médical.

M. Regnault se posa en contradicteur absolu de l’opinion qui adopte la porosité de la fonte. M. Regnault fait usage, depuis plusieurs années, pour ses expériences, de manomètres à mercure composés de tubes en fonte. Ces manomètres supportent des pressions énormes, et jamais M. Regnault n’a vu la fonte laisser passer aucune trace de gaz. M. Regnault croit donc qu’il y a beaucoup d’exagération dans les faits annoncés par M. Carret. Il attribue les effets pernicieux des poêles de fonte à d’autres causes : à une ventilation insuffisante et à la destruction, par la plaque de fer rougie, des poussières et parties organiques qui flottent dans l’air, et qui, venant se brûler sur cette surface incandescente, répandent dans l’air de l’oxyde de carbone et de l’acide carbonique. Mais si l’on s’arrange de manière à obvier à ces deux inconvénients, c’est-à-dire si l’on entretient dans une pièce chauffée par un poêle de fonte, une bonne ventilation, et que l’on entoure le poêle, à une certaine distance, d’une feuille de tôle qui empêche le contact avec la surface rougie des poussières organiques flottant dans l’aire du poêle, on n’observe aucun effet fâcheux. C’est ainsi que sont disposés les poêles de fonte qui chauffent, à une très-haute température, les ateliers de séchage de la manufacture de porcelaine de Sèvres, et jamais aucun des ouvriers occupés dans ces salles n’a accusé le moindre malaise.

M. Combes fit remarquer qu’avant de jeter de la défaveur sur un appareil de chauffage d’un usage universel, il faudrait posséder des observations et des expériences directes, faites par la commission elle-même, et qui permettraient de savoir exactement si le gaz oxyde de carbone traverse ou non la substance d’un poêle de fonte.

Cette dernière opinion rallia tous les avis. L’Académie décida que le rapport rédigé par le général Morin serait renvoyé à la commission, avec prière d’entreprendre des expériences spéciales sur le phénomène de la perméabilité des poêles de fonte par les gaz provenant de la combustion du charbon.

Le nouveau rapport demandé fut présenté à l’Académie des sciences par M. le général