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mité de l’hypocauste ; comme l’aire de ce foyer était inclinée, les globes enflammés revenaient à l’entrée du fourneau, et répandaient ainsi partout une égale chaleur. — On a découvert plusieurs hypocaustes, assez bien conservés : en France, à Saintes et à Lillebonne ; en Angleterre, à Worcester, et à Hope, — dans le comté de Chester.

« Telles sont les diverses parties dont se composaient les bains publics. Les empereurs et les riches patriciens de Rome avaient aussi dans leurs maisons des bains particuliers faits sur le modèle des bains publics. Les débris des thermes de Julien, à Paris, peuvent servir à prouver l’importance qu’on donnait à ces monuments dans l’antiquité[1]. »

On a trouvé à Rome, dans un laconicum, c’est-à-dire dans une étuve de bains publics, un dessin fort curieux, car il nous montre l’existence dans l’antiquité, d’une disposition qui a été le prélude du calorifère à air chaud en usage de nos jours. La figure 190 est le fac-similé exact de ce dessin. On y voit de nombreux tuyaux placés dans le mur circulaire qui entoure le laconicum, et qui échauffe cette salle par la fumée du foyer, à travers l’épaisseur des tuyaux.

Fig. 190. — Calorifère romain.

Nous ajouterons que les tuyaux placés dans l’épaisseur des murs, pour porter la chaleur à une certaine distance, n’étaient pas toujours exclusivement appliqués dans les thermes. Un passage de Sénèque le Philosophe va nous apprendre que ces calorifères en herbe étaient en usage dans les maisons.

« De mon temps, dit Sénèque, on a fait des découvertes du même genre, comme des toitures transparentes, pour laisser passer la lumière dans toute sa pureté, des bains suspendus et des tubes logés dans l’épaisseur des murs, pour diriger et répartir également dans la maison une chaleur douce et égale[2]. »

En établissant que les anciens ont connu le calorifère à air chaud, nous ne voulons aucunement prétendre que les modernes leur aient emprunté cette invention. Nous avons voulu seulement, par ce coup d’œil rétrospectif, établir un fait intéressant au point de vue de l’histoire des sciences.

Rien ne nous empêche maintenant d’arriver aux calorifères modernes.


CHAPITRE X

utilité des calorifères. — mouvement de l’air dans les calorifères à air chaud. — tuyaux, joints, nature des matériaux employés. — les divers systèmes de calorifères.

On a calculé qu’avec les cheminées du bon vieux temps, celles qui pouvaient abriter toute une famille sous leur respectable manteau, et recevoir quatre ramoneurs de front dans leur tuyau, plus respectable encore, on ne retirait guère que 3 à 4 pour 100 du calorique développé par la combustion du bois. Ce système élémentaire de chauffage a été un peu amélioré depuis nos aïeux : les cheminées actuelles nous font jouir du huitième ou du dixième de la chaleur produite dans le foyer. On consomme annuellement en France pour 150 millions environ de combustible, et l’on n’en utilise guère que pour 15 millions ; le reste, c’est-à-dire 135 millions, s’envole sur les toits !

En se fondant sur le relevé des octrois, on a calculé que Paris reçoit annuellement, pour

  1. L’Art monumental, 1 vol. grand in-8o. Paris, 1860.
  2. Œuvres complètes de Sénèque le Philosophe, t. VI, lettre 90, p. 469-471.