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lement, il imagina de poser, sur le contour du réservoir circulaire, un abat-jour, ou réflecteur en verre dépoli. Il neutralisait ainsi presque entièrement l’ombre des deux petits conduits latéraux, et en même temps il concentrait la lumière sur la table à éclairer.

Fig. 20. — Lampe astrale de Bordier-Marcet.

La figure 20 représente la lampe de Bordier-Marcet, qui a joui d’une grande faveur au commencement de notre siècle, et qui fut décorée du nom de lampe astrale. Ce nom, qui paraît fort ambitieux aujourd’hui, n’est qu’un témoignage de l’admiration qu’excita la lampe de Bordier-Marcet à une époque où l’on n’avait pas encore appris à se montrer exigeant pour le pouvoir éclairant des divers luminaires.


CHAPITRE V

guillaume carcel invente la lampe à mouvement d’horlogerie. — vie et travaux de carcel. — la lampe à pompe du midi de la france sert de prélude à l’invention de carcel. — description de cette lampe.

Cependant, le seul moyen qui put permettre de parer au vice capital de la projection de l’ombre du réservoir, c’était de placer ce réservoir à la partie inférieure de la lampe, afin que la flamme éclairât à la manière d’une chandelle, c’est-à-dire circulairement et sans produire aucune ombre. Outre l’inconvénient de ne pas éclairer partout uniformément, les lampes astrales et les lampes sinombres présentaient, comme nous l’avons dit, un défaut : le niveau de l’huile ne pouvait s’y maintenir rigoureusement constant ; aussi l’intensité de la lumière décroissait-elle à mesure que l’huile s’abaissait dans le réservoir. Il était donc devenu indispensable, pour ces deux motifs, de construire des lampes dans lesquelles le réservoir, placé au-dessous du bec, pût fournir constamment à la mèche toute la quantité d’huile nécessaire à la combustion, et qui éclairassent sans projeter aucune ombre.

Guillaume Carcel, horloger de Paris, né le 11 novembre 1750, mort le 13 novembre 1812, résolut admirablement ce problème, en imaginant de placer à la partie inférieure d’une lampe à bec d’Argand, un mécanisme d’horlogerie, faisant mouvoir une petite pompe foulante, dont le piston élevait constamment jusqu’à la mèche, l’huile contenue dans le réservoir. L’huile ainsi élevée est plus abondante que celle qui est nécessaire à la combustion ; il y a donc une circulation constante d’huile autour de la mèche. Cet afflux continuel du liquide a l’avantage de refroidir le bec, et d’empêcher par conséquent l’huile de s’échauffer, comme cela arrive dans les lampes ordinaires, où l’huile, par suite du voisinage de la flamme, se trouve vapori-