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poumons, et qui s’est putréfiée au sein de l’eau dans laquelle on l’avait recueillie.

Lorsqu’on entre le matin, avant l’ouverture des fenêtres, dans une salle où plusieurs personnes ont passé la nuit, par exemple, dans un dortoir de jeunes collégiens, on perçoit une odeur aigre, suffocante, particulière, qui, certainement, ne saurait être attribuée ni à l’acide carbonique ni à la vapeur d’eau provenant de la respiration.

Cette matière organique si putrescible, et dont l’existence est démontrée par l’expérience rapportée plus haut, ne peut avoir qu’une action défavorable, même quand elle émane d’individus sains. À plus forte raison s’il s’agit d’une réunion de personnes malades enfermées dans un hôpital. Il est facile de comprendre que, dans ce cas, les miasmes odorants soient plus nombreux et armés d’une action plus dangereuse. Il est donc tout naturel que les émanations miasmatiques des salles d’hôpitaux exercent une action funeste ; que chaque malade augmente par ses exhalaisons, la gravité de la position de tous les autres, et que la contagion s’établisse ainsi, d’une manière toute matérielle, d’un individu à l’autre, à l’intérieur d’un hospice.

Nous avons dit qu’en général l’air est vicié lorsqu’il contient 1 pour 100 d’acide carbonique, c’est-à-dire quand l’air a perdu 1 pour 100 de son oxygéne, puisque ces deux phénomènes sont connexes. Dans les hôpitaux, l’air est vicié, dès qu’il expose, non à l’asphyxie par la présence de l’acide carbonique, mais à des maladies, par suite de l’accumulation de particules organiques miasmatiques.

Des causes autres que la respiration ou l’encombrement des malades, peuvent encore vicier l’air ; mais nous n’en parlerons que pour mémoire. Citons à ce titre : 1o les gaz toxiques produits par des industries diverses, à savoir le gaz hydrogène sulfuré, le chlore, le gaz acide chlorhydrique, auxquels il faut ajouter l’hydrogène arsénié, le plus terrible poison connu, et qui peut exister dans l’air, par suite du grillage des minerais d’argent arsénifères ; 2o les produits de la décomposition des cadavres dans les voiries ou les cimetières, et parmi ces produits, il faut citer comme dangereux l’hydrogène sulfuré et l’hydrogène phosphoré ; 3o les émanations des fosses d’aisances ; 4o les poussières végétales et animales.

Telles sont les causes bien diverses, on le voit, qui produisent la viciation de l’air.

Il n’y a que deux moyens de remédier à la viciation de l’air : détruire chimiquement, sur place, les produits nuisibles ; ou bien chasser l’air vicié, et le remplacer par de l’air pur.

Le premier de ces deux moyens est à peu près impraticable. Ce n’est que dans de rares circonstances que l’on a pu se proposer d’absorber, par la potasse ou la chaux, l’acide carbonique d’une salle où étaient réunies un grand nombre de personnes. Le moyen ne serait ni facile ni économique. On a quelquefois absorbé par la chaux, l’acide carbonique remplissant une cuve de vendange ou de brasserie. On a détruit par le chlore, l’acide sulfhydrique ou l’hydrogène arsénié. Mais cette manière de procéder n’est applicable qu’à quelques cas rares et spéciaux. Le seul moyen de remédier à la viciation de l’air, c’est de remplacer l’air altéré par de l’air frais et pur, en d’autres termes, c’est d’opérer la ventilation. Nous allons passer en revue la série des moyens que l’on a proposés jusqu’à ce jour, pour atteindre ce but.


CHAPITRE III

histoire de la ventilation. — l’aération des mines au xviie siècle. — origine de la ventilation par appel. — les ventilateurs naturels. — les appareils de watson, de mackinnell, de muir, etc. — les manches à vent. — travaux de d’arcet, combes et morin. — découverte de la ventilation renversée.

L’art de la ventilation des habitations ou des lieux de réunion publique, est tout mo-