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derne. Il y a à peine un siècle que cette question a été abordée. Les connaissances imparfaites que l’on possédait jusqu’aux travaux de Lavoisier, sur la véritable nature et la composition de l’air, empêchaient toute tentative sérieuse dans ce sens. La ventilation avait été appliquée, il est vrai, à l’intérieur des mines, pour faciliter leur exploitation, ou prévenir l’asphyxie des ouvriers ; mais en dehors de cette application spéciale, l’idée était à peine venue, avant la fin du siècle dernier, de chercher à renouveler l’air altéré par le séjour d’un certain nombre de personnes dans un lieu de réunion. Cet art, il faut le dire, est même encore fort peu avancé de nos jours. Peu de personnes en comprennent l’importance. Il résulte de là que, tout en reconnaissant les inconvénients manifestes des systèmes qui sont en usage, les inventeurs sont peu excités à entrer dans une voie où aucune émulation ne les appelle.

C’est, disons-nous, pour l’exploitation des mines que l’on s’est inquiété, pour la première fois, des moyens de renouveler l’air altéré.

Dans l’ouvrage célèbre de George Agricola, De re metallicâ, publié à Bâle, en 1546, et consacré à la description de l’art de la métallurgie au xvie siècle, on trouve exposés et figurés les moyens de ventilation en usage dans les mines à l’époque de la Renaissance.

La ventilation fut donc appliquée là où elle était le plus nécessaire, c’est-à-dire dans les mines, et nous ferons remarquer à ce propos que, de tout temps, les hommes se seront moins préoccupés des moyens d’entretenir leur santé que des moyens d’augmenter leur industrie.

On trouve dans le livre d’Agricola le dessin de gros soufflets qui servaient à ventiler les mines. Ces soufflets étaient manœuvres à bras d’hommes ou par des manéges. Ils lançaient de l’air dans une suite de tuyaux de bois qui pénétraient jusqu’au fond de la mine ; de là, l’air revenait, par les galeries, jusqu’aux ouvertures extérieures.

Presque toujours, quatre ou cinq soufflets placés côte à côte, étaient manœuvrés par des chevaux attelés à des manéges. L’air de tous ces appareils se réunissait en un seul tuyau, qui parcourait la mine, comme nous l’avons dit ci-dessus.

En Angleterre, dans le courant du xviiie siècle, divers ingénieurs employèrent les moyens mécaniques pour ventiler la Chambres des communes, les hôpitaux, les prisons de Newgate.

Ensuite apparut en France la ventilation, par l’appel des cheminées, en 1759. Duhamel du Monceau indiqua le moyen de désinfecter la cale des navires par l’appel des fourneaux de cuisine, et, en 1767, Genneti établit sur les mêmes principes, la ventilation des hôpitaux.

Fig. 237. — Appareil de ventilation de Genneti.

La figure 237 montre la disposition dont se servait Genneti pour la ventilation des salles