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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/376

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server, en se clôturant, des bienfaits d’une malencontreuse ventilation.

Il ne faut pas croire que les choses se passent autrement partout où la ventilation est faite par appel. Dans les théâtres, où la ventilation par appel est établie, l’air froid des couloirs s’engouffre dans les loges. Dès qu’on ouvre une porte, des vents coulis sifflent continuellement par les joints. À leur tour les couloirs se remplissent des odeurs de toutes les parties de l’édifice. On répond qu’il faut chauffer l’air des couloirs pour éviter cette impression fâcheuse ; mais alors, où est l’économie ? Ce n’est qu’éloigner la difficulté, et non la résoudre[1].

Les salles des hôpitaux sont à chaque instant infectées par les émanations des fosses d’aisances ; et pourtant on tâche de ventiler ces fosses par un appel plus puissant que celui des salles.

La ventilation par refoulement écarte tous ces inconvénients. Grâce à l’excès de pression, les cheminées ne flambent que mieux et n’ont pas de tendance à fumer ; les odeurs, les émanations diverses, sont refoulées dans leurs conduits, et ne peuvent s’écouler qu’au dehors. Cette ventilation est réelle, efficace au plus haut point ; car l’air, amené de cette manière, se disperse mieux, comme nous le montrerons dans un instant. L’ouverture accidentelle des fenêtres ou des portes, n’amène aucune perturbation ; seulement la pression diminue pendant ce moment, et l’écoulement de l’air refoulé est plus rapide.

Ventiler par appel, c’est se priver des bienfaits de l’air condensé ; c’est se soumettre continuellement à la gêne de respiration que l’on éprouve quand le baromètre baisse et que le temps est à l’orage.

Tout le monde sait que l’on respire plus facilement dans une atmosphère dense que dans un air raréfié ; et il n’est plus douteux aujourd’hui que les pressions atmosphériques considérables n’aient une influence favorable sur la santé. C’est pour cela que M. Gubler, professeur à la Faculté de médecine de Paris, propose d’établir une station médicale dans la vallée de la mer Morte, qui se trouve à 430 mètres plus bas que le niveau de l’Océan.

L’air conduit d’autant mieux les sons qu’il est plus dense. C’est pour cela que ventiler les théâtres par appel, est, à nos yeux, une hérésie scientifique.

Les ingénieurs et les physiciens objectent que la différence de pression entre les deux systèmes est faible, et qu’elle n’équivaut pas même aux variations du baromètre. Mais, lorsqu’il s’agit d’air respirable, les petites variations acquièrent une grande importance.

La ventilation par excès de pression est, comme nous l’avons déjà dit, plus économique que celle par appel, puisqu’elle permet d’employer les appareils mécaniques mus par la vapeur, et dans lesquels la force motrice est mise à profit avec une économie remarquable.

En été, les cheminées d’appel sont médiocrement efficaces et coûtent très-cher, vu la dépense du combustible, parce que l’air à expulser est sensiblement à la température extérieure. Au contraire, les ventilateurs mécaniques agissent en toute saison avec la même régularité.

Les appareils mécaniques sont aussi ceux qui conviennent le mieux à la ventilation renversée.

Sur tous ces points nous sommes en complet désaccord avec un savant qui s’est consacré d’une manière toute spéciale à l’étude de la question qui nous occupe, M. le général Morin. L’honorable directeur du Conservatoire des arts et métiers est un partisan décidé de la ventilation par appel, et il l’a prouvé en installant ce système dans tous les établissements et édifices, théâtres et hôpitaux, pour

  1. Au grand amphithéâtre du Conservatoire des arts et métiers de Paris, M. le général Morin a dû faire établir des doubles portes, et chauffer le couloir pour éviter l’entrée dans l’amphithéâtre de l’air froid du dehors.