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chaleur n’est jamais suffisante, et pourtant ces calorifères coûtent fort cher à entretenir, par la raison donnée plus haut, c’est-à-dire, parce que l’air chaud se perd en s’élevant rapidement vers la voûte. Ainsi, contre-sens bizarre, la partie bien chauffée de l’église, c’est la région supérieure, c’est-à-dire le vide, tandis que le bas de l’église, où sont les fidèles, reste froid : le pavé est glacé, le plafond est brûlant.

Parmi les églises de Paris qui sont quelque peu chauffées en hiver, nous citerons Saint-Roch, la Madeleine, Saint-Vincent de Paul et Saint-Sulpice. Dans cette dernière église, le mode de chauffage est le calorifère à eau chaude. Mais dans tous ces cas, nous le répétons, la ventilation ne doit jamais préoccuper ; elle se fait naturellement, par suite des vastes dimensions de l’édifice.

Ventilation des maisons. — Les maisons d’habitation seront pour nous un exemple meilleur et plus intéressant de l’application des principes de la ventilation.

En général, l’aération est produite dans les maisons, en hiver par l’appel des cheminées ordinaires, en été par l’ouverture des fenêtres. Presque toujours l’aération qui s’opère par les cheminées de chaque pièce, est suffisante ; seulement elle s’effectue par appel. Il faut donc se garder avec soin de toutes les causes d’infection qui résultent de la ventilation par appel, établie à l’intérieur d’une habitation. Comme l’air qui est appelé par le tirage des cheminées, vient de l’intérieur même de l’habitation, il en résulte qu’il arrive des cuisines, des lieux d’aisances, et de ces cours étroites et profondes des maisons de Paris, véritables puits, où l’on jette les ordures et les débris de ménage, et où l’on verse par les plombs des liquides infects, nauséabonds, provenant de tous les nettoyages. Ce système d’assainissement aurait, on le voit, besoin d’être lui-même quelque peu assaini.

Il est, dans les maisons, différentes parties qui exigent plus spécialement une ventilation : ce sont les cuisines et les lieux d’aisances. Il faut ventiler les cuisines, non par pression, mais par appel, dans ce cas spécial, afin d’extraire directement les odeurs et d’éviter qu’elles ne se répandent dans les appartements. L’appel ne doit pas toutefois être trop puissant, car il ferait fumer toutes les cheminées de la maison.

Le tirage des fourneaux donne habituellement un appel suffisant pour ventiler les cuisines. Mais les fourneaux n’étant pas toujours allumés et les mauvaises odeurs étant permanentes, il est bon de munir la cuisine de ces petits ventilateurs en hélice, qui s’appliquent dans un carreau de vitre, et dont nous avons parlé dans l’un des premiers chapitres de cette Notice. Si ce mode de renouvellement de l’air paraissait encore insuffisant, il conviendrait de se servir de petits ventilateurs mécaniques que l’on mettrait en mouvement à l’aide d’un poids soulevé à la main.

« Avec une ventilation convenable, dit d’Arcet, nos cuisinières travailleront devant leur fourneau sans être fatiguées par l’odeur du charbon ; elles ne s’échaufferont pas, leurs têtes ne seront pas exaltées, ainsi qu’on le remarque souvent, ce qui est aussi nuisible à leur santé qu’aux domestiques de service autour d’elles, et même pour les maîtres et les enfants, qui souvent n’osent pas entrer dans la cuisine, afin d’éviter tout sujet de querelle, soit pour ne pas avoir le chagrin de voir la cuisinière hors d’elle-même, ayant le visage rouge et gonflé, les yeux hors de la tête, la figure couverte de sueur, et n’indiquant que trop le malaise qu’elle éprouve. »

Les cuisinières n’ont point changé depuis l’époque où d’Arcet écrivait ces lignes, et le portrait qu’en trace l’excellent hygiéniste, est toujours vrai. Un ventilateur mécanique établi dans la cuisine, remédierait à cette fâcheuse situation. Seulement, il serait peut-être difficile de trouver une cuisinière assez intelligente pour comprendre qu’il est de son intérêt, aussi bien que de celui de ses maîtres, de ventiler convenablement son officine, et surtout pour juger à quel moment