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flecteurs métalliques, alors que la France était depuis longtemps en possession des appareils lenticulaires, dus au génie de Fresnel.

Aujourd’hui, d’ailleurs, on trouve encore avantage à employer les appareils catoptriques (réfléchissants) dans certains cas déterminés, tant à cause de la légèreté de ces appareils, que du peu de frais qu’entraînent leur installation et leur entretien. Ils conviennent, par exemple, pour l’éclairage des passes étroites, — pour former l’un des feux de direction d’un chenal ; — pour renforcer, dans une direction déterminée, un feu dont la portée est suffisante quant au reste de l’horizon maritime ; — pour illuminer les feux flottants ; — pour constituer des appareils d’éclairage provisoires, etc.[1].

Fig. 272. — Appareil d’éclairage des phares, composé de réflecteurs paraboliques.

La figure 272 représente un appareil catoptrique. Il se compose de neuf réflecteurs métalliques A, B, C, disposés par groupes de trois, dans l’ordre triangulaire. Le mouvement de rotation est imprimé par des rouages d’horlogerie enfermés dans la boîte E, et mis en action par un poids attaché au bas de la corde D. On augmente plus ou moins la vitesse de rotation de tout ce système, suivant qu’on désire des éclipses plus ou moins rapprochées. La portée de ce fanal est d’environ 15 milles maritimes.

Pour simplifier l’explication première, nous avons dit que les rayons émanés du foyer lumineux sont tous parallèles à l’axe du miroir parabolique quand ils se sont réfléchis sur ce miroir. Cela serait rigoureusement vrai, si la flamme de la lampe était réduite à un point mathématique ; mais cette condition n’existe pas. Il en résulte qu’une bonne partie des rayons ne partent pas du foyer, et dès lors divergent dans l’espace. Le faisceau renvoyé par le miroir n’est donc pas cylindrique, mais conique, de sorte qu’une portion de la lumière réfléchie va se perdre au-dessus de l’horizon, sans profit pour la visibilité du feu.

Toutefois, il est possible de ne rien perdre de la lumière et de la diriger bien exactement sur la partie de l’espace à éclairer. Cette partie, c’est l’horizon, c’est-à-dire la direction de la vue du navigateur. Il faut diriger le milieu du faisceau réfléchi, c’est-à-dire le point où la lumière est le plus intense, tangentiellement à l’horizon. En général, la hauteur des phares est assez grande pour que cette tangente soit sensiblement horizontale, Il suffit donc, pour obtenir l’effet cherché, de placer la portion la plus brillante de la flamme exactement au foyer du miroir. Quand la lanterne est très-élevée, on incline le réflecteur, de manière que son axe soit tangent à l’horizon, et l’on rentre ainsi dans les conditions ordinaires.

  1. Léonce Reynaud, Mémoire sur l’éclairage et le balisage des côtes de France, in-4. Paris, 1864, Imprimerie Impériale.