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dessus et par-dessous le tambour octogonal.

Si, maintenant, on imprime à tout cet ensemble un mouvement de rotation autour de la verticale passant par le foyer, on enverra successivement sur tous les points de l’horizon, des faisceaux lumineux recueillis par chaque lentille, et des moments d’obscurité correspondront aux intervalles de deux lentilles consécutives : on aura ainsi un phare à éclipses.

La figure 281 représente un phare donnant des éclipses de minute en minute. AA′ est la réunion des huit lentilles à échelons, BB′, la réunion des anneaux catadioptriques supérieurs, CC′, l’ensemble des anneaux catadioptriques inférieurs. D est la boîte qui contient les rouages d’horlogerie, qui déterminent la rotation de tout le système avec le degré de vitesse voulu. Une tige, a, transmet à ces rouages l’action du poids moteur, qui se trouve placé à 5 ou 6 métres plus bas. b, est la manivelle au moyen de laquelle on débraye le système moteur, pour faire agir le poids et faire tourner le tambour.

Les éclipses ont lieu, avons-nous dit, pendant l’intervalle du passage de deux faisceaux lumineux successifs au même point. C’est donc en faisant varier la vitesse de rotation du tambour que l’on détermine le temps qui doit séparer les différentes suspensions du feu.

Le lecteur connaît assez bien maintenant les appareils lenticulaires, pour comprendre les raisons de leur supériorité sur les simples réflecteurs métalliques que l’on employait avant les travaux de Fresnel.

En premier lieu, les lentilles à échelons absorbent une bien moins grande quantité de rayons lumineux que les réflecteurs métalliques. Ces derniers se ternissent très-rapidement, surtout par le voisinage de la mer. Pour peu qu’on néglige de les nettoyer, un cinquième au moins de la lumière focale est perdu.

Les rayons divergent beaucoup plus dans les appareils à réflecteurs que dans les appareils à lentilles : de là une nouvelle déperdition de lumière.

Les appareils à miroirs réfléchissants se prêtent fort mal à l’établissement de feux fixes devant éclairer une grande partie ou la totalité de l’horizon maritime ; car il faudrait multiplier à l’excès le nombre des réflecteurs, au préjudice de la stabilité de l’appareil et des frais d’entretien. Rien de plus aisé, au contraire, avec le système lenticulaire.

Enfin, la lumière émise est beaucoup plus intense dans le système dioptrique que dans le système catoptrique, et les éclats sont beaucoup plus vifs.

On peut alléguer, il est vrai, en faveur des appareils à réflexion, qu’ils coûtent moins cher à établir que les autres. Mais, outre que cet avantage ne saurait compenser les graves inconvénients ci-dessus énoncés, il est balancé par l’augmentation de dépenses annuelles exigée par l’emploi des miroirs, qu’il faut sans cesse nettoyer et polir, pour leur conserver leur puissance réfléchissante.

Il demeure donc certain que les phares lenticulaires sont éminemment supérieurs aux phares à réflecteurs paraboliques, et c’est un honneur pour la France d’avoir marché à la tête des nations, dans cette voie essentiellement humanitaire.

Nous terminerons ce chapitre par quelques renseignements sur le mode de fabrication des lentilles.

Trois maisons françaises se sont fait une réputation de premier ordre dans la construction des appareils lenticulaires. Avec M. Chance, de Birmingham, elles fournissent à peu près exclusivement toutes les contrées maritimes. Ces établissements sont ceux de MM. Henry Lepaute, — Sautter et Cie, — Barbier et Fenestre.

Tout le cristal employé pour la confection des lentilles, provient de la manufacture de Saint-Gobain. Ce cristal est composé de 72