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En 1811 et 1814, des appareils sidéraux de Bordier-Marcet, composés de six réflecteurs, remplacèrent les précédents. En 1819, le nombre des réflecteurs fut porté à dix. En 1845, eut lieu la restauration des deux tours et l’agrandissement de la lanterne, dans laquelle fut installé un appareil de Fresnel. Enfin, tout récemment, en 1863, l’une des tours a été de nouveau modifiée à sa partie supérieure, pour recevoir une lampe électrique. Les phares de la Hève ont ainsi parcouru l’échelle tout entière des perfectionnements qui ont été apportés depuis près d’un siècle, à l’éclairage des côtes maritimes.

Au point de vue architectural, ces phares sont assez remarquables. Ils se composent d’une tour carrée, avec soubassement et élégante balustrade au sommet. Seulement leur distribution intérieure laisse à désirer.

Nous avons déjà représenté, en parlant de l’éclairage des phares par la lumière électrique, l’ensemble des deux phares du cap de la Hève, qui sont reliés l’un à l’autre par le logement des gardiens (fig. 293, page 457). La figure 297 représente un de ces phares, pris isolément.

Fig. 297. — L’un des deux phares du cap de la Hève.

Les deux tours sont distantes l’une de l’autre de 81 mètres ; entre elles et un peu en arrière, s’élèvent, complétement indépendants, les logements des gardiens. Chaque gardien a deux chambres à feu, un cabinet, un grenier et un bûcher établi dans une cour de service. Au-devant de l’ensemble des constructions, s’étend une vaste surface, plantée d’arbres et gazonnée.

Les foyers lumineux de chaque phare s’élèvent à 20 mètres au-dessus du sol et à 120 mètres au-dessus des hautes mers. Le feu est fixe, et sa portée est de 20 milles dans la tour éclairée à l’huile, de 27 milles dans celle où l’on a introduit la lumière électrique.

Ajoutons que depuis des siècles, la mer ronge incessamment la falaise qui supporte les deux phares ; chaque année, elle avance de 2 mètres environ. Aussi prévoit-on le moment où l’on sera forcé de reconstruire les deux édifices à une certaine distance en arrière.

Le phare des Héaux de Bréhat est l’un de ceux dont l’édification a rencontré le plus de difficultés. À ce titre, il mérite de fixer tout particulièrement notre attention, d’autant plus qu’il présente toute la majesté, toute l’harmonie et tout le comfort désirables.

Le phare de Bréhat se dresse en pleine mer, au nord de la côte de Bretagne, sur un banc de rochers de près de 500 mètres de diamètre, que recouvre presque entièrement l’Océan à la marée haute. Autour de ce plateau de rochers, qui a nom les Héaux de Bréhat, les courants de marée atteignent une vitesse de huit nœuds (4m,11 par seconde),