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traire, c’est-à-dire lorsque le bassin s’est formé par le redressement des couches, les nappes d’eau souterraines se forment avec une assez grande facilité. Remarquons, en effet, que, dans ce cas, les couches se sont déchirées par le fait même du redressement, et que leurs extrémités, ou ce que l’on nomme leurs affleurements, viennent aboutir au grand jour, sur les flancs des collines et des montagnes. Or, parmi ces couches, il en est qui se composent de sables ou d’autres matières perméables. Les eaux pluviales ou celles des ruisseaux et des rivières pourront donc y pénétrer par leurs affleurements, et se précipiter le long de la pente qui leur est offerte, pour aller former dans les parties basses, des nappes liquides continues. Si la couche perméable est comprise, comme il arrive presque toujours, entre deux couches suffisamment imperméables, ces amas d’eau ne pourront se perdre dans les terrains avoisinants. On les retrouvera donc, si l’on creuse le sol au-dessus de l’emplacement qu’ils occupent.

On s’explique ainsi que de vastes nappes d’eau puissent se former dans les entrailles de la terre ; mais comment cette eau jaillit-elle à la surface du sol, lorsqu’on la met en communication avec le dehors par un puits ? C’est ce qu’il nous reste à examiner.

Ici nous rappellerons un principe d’hydrostatique bien connu : celui de l’équilibre d’un liquide dans deux vases communiquants. Chacun sait, pour en avoir été témoin plus d’une fois lui-même, que lorsqu’on verse un liquide dans deux vases communiquant par leur partie inférieure, quelles que soient d’ailleurs les formes respectives de ces deux vases, chacun sait, disons-nous, que le liquide se maintient à la même hauteur dans les deux branches : on dit alors qu’il est en équilibre.

Ce principe, connu en physique, sous le nom de principe des vases communiquants, se démontre à l’aide de l’appareil que représente la figure 337.

Fig. 337. — Équilibre d’un liquide dans des vases communiquant entre eux.

Un vase A, plein d’eau, communique, au moyen d’un tuyau horizontal, M, avec un tube droit, B. On peut remplacer ce tube, grâce à des ajutages de cuivre, par le tube sinueux C, ou par quelqu’autre. Or, il est facile, en opérant ces substitutions, de voir que le liquide s’élève à la même hauteur dans chacun de ces tubes, jusqu’à ce qu’il atteigne la hauteur du prolongement de la surface du liquide dans le réservoir.

On peut, avec ce même appareil, faire une expérience qui met parfaitement en évidence le principe physique des puits artésiens.

Au lieu d’un tube droit ou sinueux, mais ayant toute sa longueur, prenons un tube, D, beaucoup plus court, un peu rétréci à son extrémité, et faisons communiquer ce tube effilé avec le réservoir A ; puis, ouvrons le robinet r. On verra alors l’eau jaillir et s’élever à peu près jusqu’au niveau du liquide contenu dans le vase A. Nous disons à