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avec une telle facilité, qu’en certaines localités chaque maison possède une fontaine jaillissante. Il suffit de creuser la terre à 15 ou 20 pieds, pour avoir de l’eau. L’instrument qu’on emploie pour ce travail, est fort grossier : il se compose d’une longue perche, terminée par une sorte de gouge en fer. Il y a loin de là aux forages gigantesques qui ont été exécutés de nos jours, à Paris et ailleurs.

Le premier puits artésien creusé dans le département de la Seine, date de 1824. Il fut percé à Enghien, par Péligot. Depuis cette époque, l’art des sondages a fait d’immenses progrès ; de grands perfectionnements ont été introduits dans les engins mécaniques, et les puits artésiens se sont multipliés d’une manière très-rapide.


CHAPITRE II

théorie des puits artésiens. — un peu de géologie. — explications diverses qu’on a données du phénomène des puits artésiens. — immenses cavernes et vastes nappes d’eau souterraines. — rivières qui se perdent dans le sol.

D’où vient l’eau que débitent les puits artésiens ? Comment, le forage étant une fois opéré, l’eau jaillit-elle continuellement à la surface du sol ? C’est ce que nous allons examiner. Mais pour que nos explications soient bien comprises, une excursion dans le domaine de la géologie est indispensable.

L’écorce terrestre n’est pas uniforme dans sa composition. Formée à différentes époques, elle résulte de la superposition d’un certain nombre de terrains, qui correspondent chacun à une époque particulière, et qui se distinguent par des caractères bien déterminés. De ces terrains, les uns sont stratifiés, c’est-à-dire disposés par couches, qui s’étendent sur une grande surface, avec une épaisseur sensiblement uniforme, ou du moins progressivement variable ; les autres constituent, au contraire, des masses considérables, distribuées irrégulièrement. Les premiers terrains sont d’origine aqueuse, c’est-à-dire qu’ils se composent surtout de matières terreuses transportées et déposées par les eaux ; les seconds sont d’origine ignée, ce qui signifie qu’ils proviennent d’un épanchement de la matière centrale, d’abord liquide et incandescente, et qui s’est ensuite refroidie et solidifiée. Ce sont les terrains ignés qui constituent la charpente des grandes chaînes de montagnes et forment tous les reliefs importants du globe.

Les terrains stratifiés sont les seuls qui puissent donner lieu à la création de puits artésiens, parce que la disposition par couches se prête seule à la production du phénomène naturel dont on tire parti pour creuser les puits artésiens.

Ces terrains affectent ordinairement la forme de bassins, c’est-à-dire de vastes entonnoirs, à fond plat, dont on explique la formation par des mouvements intérieurs de la croûte terrestre, ayant produit une dislocation du sol. Cette dislocation a eu pour résultat de relever, en plusieurs points, des couches qui étaient primitivement horizontales sur toute leur étendue, et de produire une enceinte de collines surplombant les parties non déformées.

Il est arrivé aussi, dans certains cas, que les couches successives de terrains sédimentaires se sont déposées dans un bassin de formation plus ancienne, et qu’elles ont gardé leur horizontalité sur tous les points, jusqu’à leur rencontre avec les bords du bassin. Ce sont là des conditions moins favorables que les précédentes à la création des puits forés, parce que les couches étant d’autant plus étendues qu’elles sont plus élevées, la dernière recouvre toutes les autres, et que l’écoulement des eaux pluviales vers les parties inférieures du bassin, ne peut s’effectuer que par les fissures çà et là disséminées dans la masse des dépôts stratifiés.

Dans les conditions ordinaires, au con-