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notable économie de tuyaux ; mais les colonnes perdues ont tant d’inconvénients, qu’il vaut souvent mieux, même au point de vue de la dépense, descendre dans le forage une colonne entière de 225 mètres.

Pour descendre une colonne perdue, on rive à son extrémité supérieure, un manchon aussi épais que possible, qui porte deux entailles longitudinales où viennent se fixer les oreilles d’un outil introduit dans la frette. L’outil et la colonne étant solidement adaptés l’un à l’autre, on laisse filer le tout avec la sonde. Lorsque la colonne est arrivée à destination, on tourne l’outil dans un certain sens pour le dégager des entailles qui le retiennent prisonnier, et on le remonte.

On emploie les colonnes perdues dans les argiles, les marnes et les sables très-gras. Elles y descendent très-bien ; et si elles sont arrêtées dans leur mouvement, il suffit de mettre en œuvre une cuiller ou un outil élargisseur, pour qu’elles soient entraînées par leur propre poids.

Toutefois l’opération exige toujours beaucoup d’attention et d’expérience. Dans les sables fluides et remontants, ce mode de tubage doit être absolument écarté, en raison des accidents auxquels il donne lieu, et dont le plus grave est l’arrêt absolu de la colonne par les sables qui s’élèvent dans le sondage et retombent derrière les tuyaux. Dans ce cas, non-seulement la colonne ne peut être chassée plus loin, mais on éprouve les plus grandes difficultés à la retirer. Il y a donc économie réelle à n’employer les colonnes perdues que dans les circonstances où leur descente peut s’effectuer sans difficultés. Ce n’est guère que vers la fin d’un forage, alors que le travail sera terminé dans quelques jours, qu’il convient d’appliquer ce mode de tubage.

Lorsqu’un sondage est terminé, que la nappe jaillissante a été atteinte et qu’il ne s’agit plus de poser le tuyau qui doit servir à l’ascension de l’eau, il faut retirer du puits les tubes de garantie dont il vient d’être parlé. Il serait, en effet, inutile de laisser dans le forage des tubes qui feraient double emploi avec le tuyau d’ascension, et qui peuvent être utilisés ailleurs. On ne conserve que les parties des tubes de retenue qui retiennent des terrains très-éboulants, lesquels pourraient presser la colonne d’ascension et y produire des avaries.

Bien souvent aussi, dans le cours d’un sondage, on se trouve contraint de retirer une colonne de garantie, soit parce qu’elle refuse de descendre et qu’il faut la remplacer par une autre, d’un moindre diamètre, soit par suite de tout autre accident. Cette opération, qu’il nous reste à décrire, offre parfois autant de difficultés que la descente des colonnes.

Pour retirer une colonne de garantie, on agit de différentes façons, suivant la résistance qu’elle oppose à la traction. On la saisit et on la retire par sa partie supérieure, ou par sa base ; ou bien on l’attaque à la fois par le haut et par le bas. Dans les cas les plus difficiles, on se résigne à la couper çà et là, et à l’arracher par morceaux.

Les nombreux engins employés pour accomplir cette besogne, ont reçu le nom d’arrache-tuyaux et de coupe-tuyaux.

Pour extraire une colonne par son extrémité supérieure, on se contente d’y amarrer solidement des cordages, qu’on tire ensuite au moyen du treuil ou de leviers.

L’arrache-tuyau le plus simple, pour prendre une colonne par la base, consiste en un crochet a (fig. 371), qu’on secoue de façon à l’engager entre la paroi du tuyau et celle du sondage. Il a l’inconvénient de ramener la tôle vers le centre de la colonne par l’effort de la traction, et de le déformer d’une manière fâcheuse.

La figure 372 représente un instrument composé de deux crochets, c, c, mobiles autour d’un même axe. Lorsqu’il descend, les crochets se relèvent en bb ; mais, arrivés au-dessous de la colonne, ils retombent, et