Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/610

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tribu des Selmia et son cheik Aïssa-Ben-Sbâ, commencèrent la construction d’un village, y plantèrent 1 200 dattiers, et, renonçant à la vie nomade pour se fixer au sol, y établirent leur résidence permanente.

Une autre campagne eut lieu l’année suivante. Un nouvel équipage de sondes, qui avait été acquis, permit de créer un deuxième atelier, dont la direction fut confiée au lieutenant Lehaut, M. Jus restant à la tête du premier. Dans cette campagne, neuf puits artésiens furent forés ; mais ils ne donnèrent pas tous des résultats satisfaisants : cinq seulement réussirent complétement. Leur ensemble eut pour résultat de verser sur le Sahara oriental 9 886 litres d’eau par minute.

La campagne de 1858-1859 fut un peu contrariée par l’envoi en Italie des soldats qui composaient les ateliers. Deux nouveaux puits furent pourtant ouverts dans le Hodna, et un deuxième à Chegga. Dans l’Oued-R’ir, six forages amenaient au jour des eaux jaillissantes. Sur ces six sondages, deux seulement, au nord de Tamerna, rencontraient des nappes d’une grande richesse, l’une à Djama, donnant 4 600 litres, l’autre à Sidi-Amram débitant 4 800 litres par minute. Dans cette dernière période, les R’tass s’associèrent aux travaux. Le général Desvaux les avait déjà, en 1856, réunis en corporation, et leur avait laissé le privilége d’extraire les sables aux mêmes conditions que par le passé ; un petit équipage de sonde fut même confié aux R’tass, sous la direction d’un caporal et de deux soldats français ; mais, jusqu’en 1858, ils s’étaient montrés hostiles et s’étaient tenus à l’écart.

Dans l’automne de 1859, les travaux recommencèrent avec une nouvelle activité. L’atelier du Hodna, dirigé par M. Jus, creusait quatre puits, dont trois donnaient ensemble 425 litres par minute. La profondeur de ces puits varie de 133 à 160 mètres. Le quatrième puits, ouvert dans les parties hautes de la plaine, près des montagnes, fut surtout un puits d’essai. Poussé jusqu’à une profondeur de 164 mètres, il ne donna que des eaux ascendantes, de sorte qu’il ne put être utilisé que comme puits ordinaire. Dans les Zibans, l’atelier forait à Chegga un troisième et un quatrième puits, qui fournissaient ensemble 700 litres, et un troisième à Oum-el-Thiour, donnant 180 litres.

Ce puits fut le dernier creusé par le lieutenant Lehaut. Au mois de mai 1860, cet officier actif et dévoué mourait à Batna. M. le lieutenant d’artillerie Zickel prit la direction des travaux, et alla inaugurer à Ourlana, dans l’Oued-R’ir, une nouvelle série de sondages.

Pour terminer l’histoire de la campagne de 1859-1860, nous avons encore à mentionner les travaux d’achèvement et de curage exécutés dans dix-huit puits inachevés ou obstrués des oasis de Touggourt, par un petit atelier muni d’un appareil léger de sondage. Cet atelier était manœuvré par des ouvriers indigènes. Une grande abondance d’eau fut ainsi acquise à l’Oued-R’ir.

En résumé, dans l’intervalle des cinq années qui s’écoulèrent depuis le commencement des travaux jusqu’à la fin de la campagne de 1860, cinquante puits furent forés dans le Sahara oriental, donnant ensemble 36 761 litres d’eau par minute, ou 52 923 mètres cubes par vingt-quatre heures, ce qui représente le débit de plusieurs rivières. La dépense totale, qui avait été de 298 000 fr., fut couverte par les centimes additionnels et par les contributions des Arabes.

La pureté des eaux des puits artésiens du Sahara laisse, malheureusement, beaucoup à désirer. Quelques-unes renferment une proportion de matières dissoutes supérieure à celles qui constituent les bonnes eaux potables. Les eaux du Hodna sont les plus pures ; elles ne renferment que 1gr,18 à 2gr de sels par litre. Dans les Zibans et dans l’Oued-R’ir, elles sont beaucoup plus chargées de sels : la quantité minimum de ces sels est déjà de 4gr,2 par litre pour le