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Les expériences faites par MM. Rouquayrol et Denayrouse n’ont mis en évidence aucun inconvénient particulier ; aucune difficulté grave pour l’application de la lampe électrique à l’éclairage des eaux profondes. Il est donc probable que ce système sera le seul employé à l’avenir, c’est-à-dire quand on aura appris à se familiariser davantage avec l’emploi de l’éclairage électrique.

En 1868, deux élèves de l’École polytechnique, MM. Léauté et Denoyel, ont construit une lampe brûlant à l’abri du contact de l’air, qui paraît appelée à rendre de véritables services pour l’éclairage de la profondeur des eaux fluviales et maritimes.

Chacun sait que tout corps en ignition ne peut brûler qu’au contact de l’air, composé d’oxygène et d’azote. Le premier de ces gaz étant seul comburant, il est possible de tenir allumé un corps à l’abri du contact de l’air, pourvu qu’on alimente ce foyer d’un courant d’oxygène, d’une façon régulière et continue. C’est sur ce principe qu’est basée la lampe de MM. Léauté et Denoyel.

L’appareil se compose de trois parties : 1o une lampe modérateur ; 2o une enveloppe en verre mettant cette lampe à l’abri du contact de l’air ; 3o un réservoir de gaz oxygène.

L’oxygène s’échappe du réservoir par un petit tube qui le conduit à la mèche de la lampe, où il se sépare en deux courants : l’un se rend à une couronne métallique extérieure, percée de petits trous à ras de la flamme ; l’autre aboutit au cylindre intérieur de la mèche, de façon à établir ainsi le double courant nécessaire à une bonne combustion.

La modification de la hauteur de la mèche, l’introduction et le règlement d’admission du gaz, dont la pression est indiquée par un manomètre, se font à l’extérieur de la lampe, sans donner en rien accès à l’air extérieur.

La lampe, une fois allumée, est placée sur un disque en cuivre, dont le pourtour est garni d’un cuir graissé, sur lequel vient se poser un tube-enveloppe en verre épais et bien dressé, fermé à sa partie supérieure par un autre disque en cuivre, assujetti par l’intermédiaire de tiges boulonnées à l’ensemble de l’appareil. Ici la fermeture est obtenue à l’aide de l’interposition de carton graissé, moins impressionnable que le cuir, à l’influence de la chaleur.

Le disque inférieur porte un petit tuyau muni d’une soupape mobile à volonté, permettant l’échappement de la vapeur d’eau et de l’acide carbonique, qui résulte de la combustion de la lampe.

On a remarqué que la fermeture de la soupape et la présence d’une certaine quantité d’acide carbonique, ne nuisaient en rien à la marche de la lampe, tant qu’elle était alimentée par l’oxygène, et cela jusqu’à une certaine pression des gaz à l’intérieur du cylindre.

Une expérience décisive a été faite en 1868, avec cette lampe, dans la Seine, près de l’écluse de la Monnaie. Par une nuit très-obscure, un homme, revêtu d’un costume de plongeur est descendu dans l’eau, à une profondeur de 2m,58. La lampe étant éloignée de lui de 2 mètres environ, et brûlant parfaitement au sein du fleuve, il a pu écrire avec un diamant, sur une glace, la date et l’heure de l’expérience. Au bout de trois quarts d’heure, la lampe fut retirée de l’eau tout allumée.

Nous dirons cependant que, pour l’usage courant de l’industrie qui nous occupe, la lampe de M. Cabirol est encore la seule employée aujourd’hui.


CHAPITRE IV

les sensations du plongeur.

Quelles sont les sensations de l’homme qui descend, pour la première fois, au fond de la mer, revêtu du scaphandre ? Voilà une question toute naturelle, et qui a dû inspirer à