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patentes pour le perfectionnement des machines à plonger.

En 1776, un Américain, David Bushnell, simple ouvrier de l’État de Connecticut, fit connaître un bateau sous-marin, qui fut mis en expérience pendant la guerre de l’Indépendance. Ce bâtiment remontait ou descendait par le moyen d’outres qui se remplissaient facultativement d’air ou d’eau. On facilitait encore l’ascension en coupant un fil de fer qui retenait des poids en plomb fixés sous la carène. Une rame en forme de spirale, placée horizontalement sous l’embarcation, lui communiquait un mouvement en avant et en arrière, suivant qu’on la tournait dans tel ou tel sens. Une seconde rame, également en spirale et placée perpendiculairement à la première, servait à régler la profondeur des submersions. Sur la poupe était installée une caisse contenant 150 livres de poudre et destinée à être vissée sous la carène d’un vaisseau.

Au mois d’août 1776, Bushnell se présenta devant le général Parsons, lui expliqua le mécanisme de sa machine, et lui demanda trois hommes, pour la pousser contre les navires anglais, ancrés au nord de l’île de Staten. Parsons le mit en rapport avec un homme résolu, Ezra Lee, sergent d’infanterie. Après avoir pris connaissance de l’engin, le sergent convint avec Bushnell d’en faire l’essai pendant la première nuit où la mer serait tranquille.

Remorquée par deux canots aussi près que possible de la flotte anglaise, la machine fut ensuite abandonnée à Lee et à ses deux compagnons. Le sergent entra dans le bateau, le submergea, et manœuvra pour descendre sous un vaisseau ennemi. Il y réussit très-bien, mais il ne parvint pas à percer les planches doublées de cuivre, entre lesquelles il s’agissait de loger un coffre rempli de matières combustibles qui devaient faire sauter le bâtiment. Le jour étant venu, il fut aperçu dans un moment où il revenait à la surface, et ce ne fut qu’au milieu des balles qu’il put regagner les lignes américaines.

Si cet essai ne réussit pas, ce ne fut donc point par un défaut inhérent à l’appareil.

Le célèbre ingénieur américain Robert Fulton reprit l’idée de Bushnell. Il y apporta quelques modifications, et construisit un bateau sous-marin, qu’il proposa au gouvernement français. Repoussé par le gouvernement du Directoire, qui rejeta ses plans après les avoir d’abord accueillis, repoussé ensuite par la Hollande, Fulton se présenta devant le premier consul, qui lui fit accorder des fonds pour continuer ses expériences.

Une commission, composée de Volney, Monge et Laplace, approuva ses idées, et en 1800, Fulton produisit un bateau sous-marin, qui fut expérimenté à Rouen et au Havre, mais qui ne réalisa point ce qu’on en attendait. L’inventeur réussit mieux à Brest : il s’enfonça jusqu’à 80 mètres sous l’eau, y demeura vingt minutes, et revint à la surface, après avoir parcouru une assez grande distance ; puis, disparaissant de nouveau, il regagna son point de départ.

Cependant Bonaparte fut bientôt dégoûté des expériences de Fulton, et il congédia l’inventeur et l’invention.

On ne sait presque rien des dispositions du bateau dont Fulton faisait usage. Nous avons fait connaître dans la Notice sur les Bateaux à vapeur, qui fait partie de cet ouvrage, tout ce que l’on sait sur cette question.

Les essais de Fulton pour la construction des bateaux sous-marins et des torpilles sous-marines, eurent pour résultat d’attirer l’attention des divers savants et mécaniciens français sur la navigation sub-aquatique. On se rappela alors qu’en 1796, le gouvernement avait reçu d’un ingénieur français, nommé Castéra, le projet d’un bateau sous-marin, que l’auteur présentait comme propre à détruire les navires anglais qui croisaient sur nos côtes. À cette époque, le public