Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/698

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thodes générales constituent de précieux instruments de recherche ; mais ces méthodes, qui sont la richesse et l’orgueil d’une science, ont quelquefois plus d’éclat que d’utilité, car elles apportent souvent de graves obstacles à la découverte de faits nouveaux. C’est par suite d’une méthode et d’une vue générales que les chimistes, dans les premiers temps, s’étaient accordés à confondre dans un même groupe tous les métaux terreux. Modelant sur celles du magnésium, du baryum, du calcium et du strontium, les propriétés chimiques de tous les métaux terreux, ils considéraient l’aluminium et tous ses congénères comme des substances éminemment oxydables et dépourvues de tout caractère métallique proprement dit. Or, c’était là une grave erreur. Ces divers métaux n’offraient alors entre eux, on peut le dire, d’autre caractère commun que celui d’être inconnus.

Fig. 436. — M. Bussy.

En 1854, M, Henri Sainte-Claire-Deville, professeur de chimie à l’École normale, ayant soumis à une étude attentive l’aluminium, que M. Wöhler n’avait fait qu’entrevoir, reconnut avec surprise que ce métal jouit de propriétés fort différentes de celles qu’on lui attribuait, d’après M. Wöhler. Ces propriétés sont si remarquables, qu’elles ont tout de suite donné l’idée la plus élevée de l’avenir réservé à ce métal nouveau. Voici, en effet, les propriétés que M. Deville a reconnues au métal qui fait partie de l’argile[1].

L’aluminium est d’un blanc éclatant ; sa couleur est intermédiaire entre celles de l’argent et du platine. Il est plus léger que le verre ; sa densité est représentée par le chiffre 2,56. Sa ténacité est considérable. On le travaille au marteau avec la plus grande facilité ; on l’étire en fils d’une finesse extrême, Enfin il entre en fusion à une température inférieure à celle de la fusion de l’argent.

Voilà déjà une série de caractères qui permettent de placer ce corps simple au rang des métaux qui trouvent dans les arts les plus nombreux emplois. Mais ses propriétés chimiques contribuent surtout à le rendre précieux.

L’aluminium est un métal complétement inaltérable à l’air. Il séjourne, sans se ternir, dans l’air sec ou chargé d’humidité, et tandis que nos métaux usuels, tels que l’étain, le plomb ou le zinc, fraîchement coupés, perdent promptement leur éclat quand on les expose à l’air humide, l’aluminium, dans les mêmes conditions, demeure aussi brillant que l’or, le platine ou l’argent. Il l’emporte même sur le dernier de ces métaux quant à sa résistance à l’action de l’air. Exposé, en effet, à l’action du gaz hydrogène sulfuré, l’argent est attaqué par ce gaz et noircit subitement ; aussi, par une exposition prolongée à l’air atmosphérique, les objets d’argent finissent-ils par s’altérer sous l’influence des faibles quantités d’hydrogène sulfuré qui se rencontrent accidentellement dans l’atmosphère. L’aluminium, au contraire, résiste parfaitement à l’action du gaz sulfhydrique ; sous ce rapport, il a donc sur l’argent une supériorité notable. Enfin l’aluminium op-

  1. L’argile renferme de 20 à 25 pour 100 d’aluminium.