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doivent être essayés et contrôlés par les procédés électriques en usage ; — enfin qu’il ne faut confier les travaux des paratonnerres qu’à des fabricants spéciaux, connaissant parfaitement les lois et les phénomènes électriques, et non aux entrepreneurs de serrurerie ou de ferronnerie, qui en sont généralement chargés. »

On sait qu’un paratonnerre remplit deux fonctions. Il facilite la décharge de l’électricité dans le sol, en la faisant écouler, sans danger, dans ce vaste réservoir naturel, et il tend à prévenir la décharge disruptive, en neutralisant les conditions qui déterminent cette décharge dans le voisinage d’un corps conducteur.

Pour remplir la première de ces fonctions, un paratonnerre doit offrir une ligne de décharge, pour ainsi dire, parfaite, et plus accessible à l’écoulement de l’électricité que celle que pourraient offrir les matériaux entrant dans la construction de l’édifice qu’il s’agit de protéger.

Pour remplir la seconde fonction, il est nécessaire que le conducteur soit surmonté d’une ou de plusieurs pointes. Les pointes et les flammes possèdent, en effet, la propriété de dissiper, lentement et sans bruit, les charges électriques, en dirigeant vers l’extrémité du conducteur un flux électrique, de nom contraire, qui reconstitue l’électricité naturelle, c’est-à-dire ramène le nuage orageux à l’état de neutralité électrique.


Dans quelles limites s’étend l’action préventive d’un paratonnerre ? L’Académie des sciences, de Paris admettait, dans les Instructions rédigées en 1823, et que nous avons rapportées dans notre Notice des Merveilles de la science, qu’une tige de paratonnerre protège autour d’elle un espace circulaire dont la hauteur de la tige serait le diamètre. Dans le Supplément à ces Instructions, présenté, en 1854, à l’Académie des sciences, par la section de physique, Pouillet, rapporteur, s’exprimait ainsi, au sujet de la zone de protection d’un paratonnerre :


« Nous croyons que le rayon du cercle de protection ne peut pas être aussi grand pour un édifice dont les couvertures ou les combles sont en métal, que pour un édifice qui n’aurait dans ses parties supérieures que du bois, de la tuile ou de l’ardoise. »


Cette importante question du rayon d’efficacité du paratonnerre a été traitée d’une manière approfondie, dans le rapport d’une Commission scientifique à laquelle le Conseil municipal de la ville de Paris avait confié, en 1875, cette étude particulière.

Cette Commission était composée de MM. Alphand et Belgrand, inspecteurs généraux des ponts et chaussées, de MM. Fizeau, du Moncel, Ed. Becquerel, Desains, Ch. Sainte-Claire Deville, membres de l’Académie des sciences, de M. F. Lucas, ingénieur des ponts et chaussées, et de M. Francisque Michel, ingénieur, secrétaire.

D’après les recherches très précises exécutées par les physiciens de cette commission, la tige d’un paratonnerre peut protéger efficacement les objets situés à l’intérieur d’un cône de révolution ayant sa pointe pour sommet, et pour rayon de base la hauteur de la tige mesurée à partir du faîtage, multipliée par 1,75. En d’autres termes, le cercle de protection d’un paratonnerre aurait un rayon égal à une fois et trois quarts la hauteur de sa tige.

Au Congrès des électriciens qui fut tenu à Paris, en 1881, M. V. H. Preece, ingénieur électricien au Post office de Londres, énonça, à propos de cette même question, la règle suivante :

« Un paratonnerre protège absolument un espace solide limité par une surface de révolution dont la demi-courbe méridienne est constituée par un quart de rayon égal à la hauteur du paratonnerre et tangent : 1o à